Malgré un discours rassurant de John Textor et plusieurs efforts financiers, la DNCG a confirmé la rétrogradation administrative de l’OL en Ligue 2. Le modèle de multipropriété de l’Américain est remis en question.
La nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre. Ce mardi 24 juin, la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG) a confirmé la rétrogradation administrative de l’Olympique lyonnais en Ligue 2. Cette décision intervient malgré les tentatives répétées de John Textor, propriétaire du club depuis décembre 2022, pour rassurer les instances sur la solidité du projet financier d’Eagle Football, sa holding.
Alors qu’il s’était montré confiant à la sortie de son audience avec la DNCG, assurant que « tout s’était remarquablement bien passé », John Textor n’a pas réussi à convaincre le gendarme financier du football français. L’OL, qui avait pourtant levé 175 millions d’euros depuis novembre et présenté plusieurs garanties financières – dont la vente des parts de Crystal Palace et une restructuration interne – voit son avenir sportif radicalement chamboulé.
Un modèle de gestion qui inquiète
La DNCG n’a pas motivé publiquement sa décision, mais les observateurs pointent un faisceau d’inquiétudes : retards dans l’introduction en Bourse d’Eagle aux États-Unis, promesses non tenues, et surtout une situation financière fragile. Au 31 mars 2025, Eagle Football affichait 540 millions d’euros de dettes, une trésorerie divisée par deux et un déficit net de 117 millions.
Pour la DNCG, le modèle de multipropriété porté par John Textor – qui possède aussi Botafogo (Brésil) et RWD Molenbeek (Belgique) – semble insuffisamment structuré pour garantir la stabilité du club rhodanien. Déjà sanctionné à l’automne 2024 (encadrement de la masse salariale et du recrutement), l’OL n’a visiblement pas apporté les assurances nécessaires.
Lyon, « trop gros pour tomber » ? Pas pour la DNCG
Avec un budget estimé entre 220 et 250 millions d’euros, l’Olympique lyonnais faisait figure d’institution en Ligue 1. La sentence rappelle cependant que même les plus gros clubs ne sont pas à l’abri d’une rétrogradation s’ils ne respectent pas les règles de gestion imposées.
La décision est d’autant plus symbolique qu’elle intervient une semaine après le décès de Bernard Lacombe, légende du club et artisan de son âge d’or dans les années 2000. Une épreuve de plus pour les supporteurs lyonnais.
L’OL va faire appel, l’UEFA pourrait aussi sévir
Dans un communiqué publié mardi soir, l’OL a indiqué qu’il « attend les détails et motivations de la DNCG » et compte faire appel de cette décision devant la commission compétente de la FFF. Un recours avait déjà été rejeté en janvier.
En parallèle, l’UEFA examine également la situation financière du club. Déjà exclu à titre conservatoire des Coupes d’Europe en décembre dernier, Lyon – pourtant qualifié pour la Ligue Europa – pourrait à nouveau se voir refuser l’accès à la scène continentale. L’Instance de Contrôle Financier des Clubs (ICFC) devrait rendre son verdict début juillet.
Une crise durable ?
Si l’appel n’aboutit pas, l’OL, pensionnaire de Ligue 1 depuis 1989, devra évoluer en deuxième division, avec toutes les conséquences économiques, sportives et symboliques que cela implique. La fragilité de l’empire Eagle, alliée à la sévérité des autorités françaises et européennes, fait planer de lourdes incertitudes sur l’avenir du club.
Source : Le Monde, Olympique-et-Lyonnais.
