L’attaque fulgurante menée par l’Ukraine dimanche dernier contre des bases aériennes russes a provoqué une onde de choc stratégique jusqu’à Washington. Face à cette démonstration de guerre asymétrique, les responsables américains s’interrogent désormais sur leur propre vulnérabilité, notamment face à des puissances comme la Chine.
L’offensive du 1er juin menée par Kiev n’était pas anodine. En ciblant plusieurs bases aériennes en territoire russe à l’aide de drones, l’Ukraine a détruit pas moins de treize avions de guerre, selon ses sources. Ce succès militaire, salué par les alliés de Kiev, a aussi mis en lumière une faille potentielle dans les systèmes de défense occidentaux. Le Wall Street Journal, le Financial Times ou encore The Guardian ont rapporté l’inquiétude croissante du Pentagone : et si les États-Unis devenaient la prochaine cible d’une attaque similaire ?
Un coup porté à la dissuasion traditionnelle
Le caractère asymétrique de l’opération, utilisant des drones bon marché dissimulés dans des conteneurs ou des camions, a déconcerté les experts. Ces engins à quelques milliers d’euros ont neutralisé des avions militaires russes valant des centaines de millions. Stacie Pettyjohn, spécialiste des drones au Center for a New American Security, avertit : « Une attaque de type ukrainien pourrait tout à fait survenir sur le sol américain ou contre nos bases à l’étranger. »
Les renseignements indiquent que les drones ukrainiens ont été acheminés en Russie via des camions commerciaux et activés à distance, après des mois de préparation. Cette tactique rappelle d’autres exemples récents, notamment ceux d’Israël, qui a utilisé en 2024 des équipements banalisés comme des talkies-walkies piégés pour frapper le Hezbollah.
Une menace globale, des vulnérabilités partout
Pour les experts comme Bradley Bowman de la Fondation pour la Défense des Démocraties, ce type d’attaque constitue désormais une menace sérieuse et globale. « Nous avons nous aussi des avions de très grande valeur répartis dans le monde entier », rappelle-t-il. Même les bombardiers stratégiques américains, stockés à Minot ou Barksdale, sont parfois stationnés à l’air libre, selon une analyse du Washington Post à partir d’images satellitaires.
Jason Matheny, directeur de la Rand Corporation, abonde : « Tout État possédant des silos nucléaires, des sous-marins ou des bombardiers regarde cette attaque ukrainienne et se dit : nous pourrions être les prochains. »
Ports américains et conteneurs chinois : un point d’entrée redouté
Les ports stratégiques des États-Unis apparaissent comme l’un des points d’entrée les plus vulnérables. Le média Newsweek évoque les risques posés par les navires de la compagnie chinoise COSCO Shipping, une entreprise désignée par le Pentagone comme proche de l’armée chinoise. Des milliers de conteneurs y sont régulièrement déchargés sans contrôle approfondi, alertent plusieurs experts.
L’ancien commandant de la Navy, Thomas Shugart, dénonce une situation « insensée » : « Nous laissons ces entreprises accoster chez nous alors qu’elles sont liées à l’armée d’un pays concurrent. » Le spectre d’un drone armé dissimulé dans un conteneur devient une hypothèse prise très au sérieux.
Vers une riposte réglementaire de Washington ?
Face à ces menaces, l’administration Trump entend réagir. Plusieurs décrets exécutifs sont attendus cette semaine pour durcir la réglementation fédérale sur les vols de drones commerciaux. Ces nouvelles règles viseront notamment à réduire l’influence des fabricants chinois sur le marché américain, en renforçant l’industrie locale du drone.
En creux, c’est une nouvelle ère de la dissuasion qui s’ouvre, où les menaces ne viennent plus uniquement du ciel, mais peuvent aussi se cacher dans un simple semi-remorque.
Source : Geo.