Le présentateur et écrivain Bernard Pivot, qui a marqué des générations de lecteurs français grâce à son émission littéraire « Apostrophes », est décédé ce lundi à Neuilly-sur-Seine à l’âge de 89 ans, selon sa fille Cécile Pivot. Avec un livre à la main et ses lunettes dans l’autre, ce Croix-Roussien d’origine, fan de l’ASSE, incarnait l’érudition et la passion pour les lettres. C’est une légende du paysage médiatique français et un grand homme qui nous quitte.

Né le 5 mai 1935 à Lyon, Bernard Pivot a commencé sa scolarité à l’école Saint-Louis, située dans le 1er arrondissement après la libération et la réouverture de l’épicerie de se parents. Il a ensuite poursuivit ses études au lycée Ampère, un établissement fréquenté autrefois par Charles Baudelaire, ce qui l’a sans doute inspiré. À l’époque Pivot était passionné par le français, l’Histoire, mais surtout le sport. Après des études de droit, il montera à la capitale en 1955, pour suivre les cours du Centre de formation des journalistes (CFJ), redescendant sur Lyon à la faveur d’un stage au Progrès. Au CFJ, où il rencontrera sa femme Monique, il se distinguera en décrochant la première place de sa promotion en 1957. Il rêvait d’ailleurs d’intégrer la rédaction de l’Équipe pour vivre au rythme de sa passion. Cependant, c’est finalement le Figaro Littéraire qui finira par l’engager et il y travaillera jusqu’en 1974.

Bernard Pivot avait acquis une renommée nationale en présentant l’émission « Apostrophes » pendant 15 ans, de 1975 à 1990. Ses entrevues minutieuses et souvent facétieuses ont réuni des millions de téléspectateurs chaque vendredi soir. L’émission, précédée par le Concerto pour piano n°1 de Rachmaninov, accueillait des personnalités telles que Marguerite Duras, Roland Barthes, Umberto Eco, et même le président François Mitterrand. Pivot avait également animé « Bouillon de culture » et créé les « Dicos d’or », un championnat d’orthographe à la portée internationale.

Journaliste littéraire le plus connu de France, Bernard Pivot a aussi été membre de l’Académie Goncourt dès 2004, avant d’en devenir président en 2014. Bien que retiré de ce rôle en 2019, son influence dans le monde littéraire demeurait intacte.

Il était également connu pour son célèbre « questionnaire de Pivot », inspiré de Marcel Proust, qui testait l’esprit et la personnalité de ses invités. Amateur de vin et passionné de football, Pivot était un fervent supporter de l’AS Saint-Étienne, qui n’a pas manqué de lui rendre hommage sur X. Il devait cette passion à son père originaire de la Loire, qui l’emmenait aux matchs de l’ASSE, depuis sa plus tendre enfance.  

J’avais d’ailleurs eu l’occasion de le rencontrer quand j’étais gône, à l’issue d’un derby qui avait eu lieu au stade de Gerland. Il avait pris le bus avec les supporters. Avec un pote, nous avions pu discuter avec lui et le chauffeur, sur tout le chemin du retour, ce qui témoignait de sa simplicité.

Bernard Pivot a également exprimé sa passion pour le football et plus particulièrement pour l’ASSE, à travers l’écriture. En 1980, il a publié « Le football en vert », un ouvrage qui explore sa fascination pour le club stéphanois. Sa épouse, a elle aussi écrit sur les Verts, avec « La passion des Verts », publié en 1987, témoignant de l’amour familial pour ce club. 

En dehors du stade, Bernard Pivot a également marqué la ville de Saint-Etienne à travers ses participations à des évènements culturels, notamment la fête du livre. En 2006, une cuvée spéciale a même été nommée en son honneur par les organisateurs de cet évènement littéraire. 

Il était également resté attaché à sa ville natale et en particulier à son ancien lycée, revenant parfois, comme lors du 500e anniversaire de l’établissement en 2019, pour rencontrer les élèves. Celle-ci lui rendait bien, puisqu’il figure en bonne place sur la « Fresque des Lyonnais ».

Bernard Pivot laisse derrière lui un riche héritage culturel et une passion pour les livres qui a inspiré des millions de lecteurs en France et au-delà.