Le gouvernement français, sous la direction du Premier ministre Gabriel Attal, a dévoilé hier dans les colonnes de la Tribune dimanche, une série de mesures visant à réformer l’assurance chômage. Cette troisième réforme en moins de cinq ans, suscite des inquiétudes quant à ses impacts sociaux.
Cette réforme propose un durcissement des conditions d’accès aux allocations chômage. L’une des modifications principales consiste à allonger le temps de travail nécéssaire pour bénéficier des allocations, passant de six à huit mois travaillés sur une période de vingt mois (Vingt-quatre précédemment). De plus, la durée d’indemnisation sera réduite, passant de dix-huit à quinze mois. En revanche, dans le cas où le taux de chômage dépasse 9 %, les demandeurs d’emploi pourront bénéficier d’une période d’indemnisation prolongée à 20 mois.
Les travailleurs seniors verront des ajustements spécifiques s’appliquer. L’allongement de la période d’indemnisation débutera à partir de l’âge de 57 ans, contre 53 ans précédemment.
Une autre évolution notable de cette réforme de l’assurance chômage concerne le mode de calcul des allocations versées aux demandeurs d’emploi indemnisés. Actuellement, le montant de l’allocation est déterminé en fonction du nombre de jours dans le mois, généralement compris entre 28 et 31 jours. Cependant, avec les changements prévus, l’allocation sera désormais mensualisée, ce qui signifie qu’elle sera la même chaque mois, calculée sur une base de 30 jours.
Les règles pourraient également être durcies, en cas d’amélioration du marché du travail.
L’objectif de ces mesures selon le Premier ministre est d’ « aller vers le plein-emploi » et « valoriser encore plus le travail ». L’objectif serait de pourvoir 90 000 postes, ce qui ne semble pas très ambitieux au regard de la pression qui sera exercé sur les travailleurs les plus vulnérables.
« 2,8 milliards d’euros vont être économisés sur le dos de 185 000 personnes par an »
Ces changements ne sont pas accueillis favorablement par tous. Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, souligne la difficulté de reconstruire un projet professionnel après un licenciement. Selon elle, quinze mois c’est trop court pour « faire une formation et retrouver du travail ». Elle rappelle que 22 % des chômeurs mettent plus d’un an à retrouver un emploi
La Confédération générale du travail (CGT) dénonce les critères sévères de cette réforme. Selon elle, c’est une « attaque contre les travailleurs les plus vulnérables ». 185 000 personnes par an pourraient être exclues du droit à l’allocation en raison de ces mesures.
La CGT met également en évidence les conséquences pour les jeunes. « Un total de contrats à six mois, ne suffirait plus pour ouvrir le droit pour six mois d’allocations. Cette mesure est particulièrement dure pour les jeunes de moins de 25 ans, surreprésentés parmi les précaires. »
De son côté, la Confédération française de l’encadrement- Confédération générale des cadres (CFE-CGC) met en lumière les risques pour les travailleurs seniors, soulignant la possibilité qu’ils soient contraints d’accepter des emplois moins qualifiés sous la menace de perdre leurs allocations.
Dans les colonnes de l’Humanité, François Hommeril, président de la CFE-CGC, exprime ses inquiétudes quant à l’obligation pour les chômeurs d’accepter un emploi, « parce qu’il y a derrière le spectre du RSA ». Contraints d’accepter des emplois nettement en dessous de leur niveau de qualification, les statuts professionnels et les qualités de vie des demandeurs d’emploi risquent d’être compromis. Pour atténuer l’impact d’une baisse de rémunération en cas de retour à l’emploi Gabriel Attal propose la mise en place d’un « bonus emploi senior ».
Le Premier ministre a précisé que le gouvernement allait prendre un décret le 1er juillet. Ainsi la réforme pourra « entrer en vigueur le 1er décembre ». Vendredi 24 mai plusieurs manifestations ont eu lieu en France pour s’opposer à cette réforme.
Par Armelle Hervé
Source : L’Humanité, CGT, Libération, la Tribune dimanche, Tribunal Administratif de Versailles, France Info, Statista