Les élections présidentielles américaines sont souvent marquées par des événements inattendus survenant à quelques jours des scrutins, bouleversant la dynamique électorale. Connus sous le nom de « surprises d’octobre », ces incidents ont influencé de nombreux scrutins au cours des cinquante dernières années, modifiant parfois profondément l’issue des campagnes présidentielles.
Les « surprises d’octobre » peuvent prendre différentes formes. Selon Oscar Winberg, spécialiste de la politique américaine, elles se répartissent en trois catégories principales :
- Avancée diplomatique : Une réalisation inattendue sur la scène internationale, comme la déclaration de paix au Vietnam en 1972.
- Scandale politique : Un scandale du passé refait surface grâce à une fuite médiatique.
- Événement national majeur : Une catastrophe naturelle, une pandémie ou une crise sociale peut bouleverser l’élection.
La première « surprise d’octobre » : 1972 et la guerre du Vietnam
Le 26 octobre 1972, à sept jours de l’élection présidentielle, le conseiller à la sécurité nationale Henry Kissinger annonce que « la paix est à portée de main » au Vietnam. Bien que les pourparlers échouent quelques mois plus tard, cette déclaration optimiste permet au président sortant, Richard Nixon, de bénéficier d’un coup de pouce décisif dans la course électorale. Nixon remporte l’élection avec une marge écrasante face à son rival, George McGovern. Cet événement est considéré comme la première « surprise d’octobre », définie comme une intervention soudaine qui peut renverser la tendance dans les derniers jours d’une campagne présidentielle.
La présidentielle de 2016 : un mois d’octobre explosif
L’élection présidentielle de 2016 entre Hillary Clinton et Donald Trump est un exemple frappant de l’impact des « surprises d’octobre ». En l’espace de 28 jours, plusieurs événements viennent chambouler la campagne. Le mois commence avec la publication des déclarations de revenus de Trump, révélant qu’il a probablement évité de payer des impôts pendant des décennies. Peu de temps après, WikiLeaks divulgue des e-mails compromettants d’Hillary Clinton. Puis, un enregistrement de Donald Trump se vantant d’attouchements sur les femmes est rendu public, avant que James Comey, directeur du FBI, annonce la réouverture de l’enquête sur les e-mails de Clinton. Ces événements successifs ont marqué le mois et influencé la dynamique de la campagne.
Préparation et gestion des crises
Face à la possibilité de telles surprises, les équipes de campagne se préparent avec soin. Des plans de gestion de crise sont élaborés en amont pour anticiper ces imprévus. Parallèlement, une recherche approfondie est menée sur l’adversaire pour tenter de dénicher des « squelettes dans le placard », dans l’espoir de provoquer sa propre « surprise d’octobre ». Ce phénomène est devenu si courant qu’il fait désormais partie intégrante de la stratégie électorale.
Un impact moindre dans un climat électoral polarisé
Si les « surprises d’octobre » ont longtemps eu un impact décisif, Oscar Winberg estime que leur effet a diminué ces dernières années. Le paysage politique américain étant de plus en plus polarisé, la plupart des électeurs restent fidèles à leur parti. Les « surprises » touchent donc une proportion réduite d’électeurs indécis. De plus, la généralisation du vote par correspondance, accélérée par la pandémie de Covid-19, aurait affaibli l’impact des événements de dernière minute.
Les « surprises d’octobre » restent un phénomène fascinant dans la politique américaine. Bien qu’elles aient perdu une partie de leur influence dans un système de plus en plus polarisé, ces événements inattendus continuent de susciter l’inquiétude des candidats et de leur équipe de campagne à l’approche de chaque élection présidentielle.