Une nouvelle salve de restrictions migratoires déclenchée par l’administration Trump bouleverse les relations avec l’Afrique. D’après un mémo consulté par le Washington Post, signé par le secrétaire d’État Marco Rubio, les États-Unis ont ajouté 36 pays à leur liste rouge de contrôle migratoire, dont 25 pays africains désormais frappés d’interdiction d’entrée sur le territoire américain. Un durcissement qui s’inscrit dans une stratégie assumée de répression migratoire et qui suscite une vague de protestation dans les capitales africaines.
Selon le document officiel, les motifs évoqués vont du manque de fiabilité des documents d’identité à des soupçons d’activités antisémites ou antiaméricaines imputées à des ressortissants de ces pays. Une ligne politique dénoncée par plusieurs médias africains, notamment Aujourd’hui au Faso, qui évoque un “nouvel oukase” destiné à renforcer l’idéologie “America First” chère à Donald Trump. Ce durcissement s’ajoute à une précédente mesure similaire prise début juin, portant désormais à 37 le nombre total de pays concernés.
Une mesure à contre-courant de la diplomatie et de l’économie
Certains de ces pays ciblés sont pourtant des alliés historiques des États-Unis, comme Djibouti ou l’Égypte, qui collaborent étroitement avec Washington sur des questions sécuritaires. Le quotidien The Nile Post en Ouganda s’inquiète des conséquences pour les étudiants, hommes d’affaires et malades qui se rendaient régulièrement aux États-Unis. NewsGhana rapporte que l’ambassade américaine à Accra a tenté de rassurer la population locale, affirmant que les citoyens ghanéens respectant les règles continueraient d’être les bienvenus.
Mais les faits semblent indiquer un virage dur : le Frontpage Africa évoque une pression croissante sur les services d’immigration pour procéder à l’expulsion d’au moins 3 000 personnes par jour. Le Quotidien à Dakar titrait récemment : “Le rêve brisé des Sénégalais”, soulignant l’augmentation des rapatriements forcés. Les témoignages décrivent des opérations expéditives, sans possibilité pour les personnes visées de récupérer leurs effets personnels ou d’alerter leurs proches.
Un retour volontaire sous pression
Dans ce contexte, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye aurait anticipé la vague d’expulsions en souscrivant aux mécanismes de retour volontaire promus par Washington, selon La Nouvelle Tribune (Bénin). Mais la diplomatie sénégalaise peine à cacher son embarras, tiraillée entre coopération internationale et protection de ses ressortissants.
Des voix s’élèvent aussi contre les conséquences économiques de cette politique. Dans L’Observateur, l’universitaire Ousmane Sène alerte sur le sort de l’agriculture californienne, fortement dépendante de la main-d’œuvre étrangère. “Cette politique d’expulsion est un coup de massue pour certains secteurs économiques américains”, rappelle-t-il, soulignant la brutalité de son exécution.
Source : Courrier International.