Le nombre de conflits armés dans le monde atteint un niveau sans précédent depuis 1946, selon une étude publiée par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). Cette tendance alarmante reflète une intensification des violences dans plusieurs régions stratégiques.
L’année 2023 a été marquée par un nombre historique de conflits armés à travers le monde. Dans son rapport annuel « Yearbook 2024 », publié lundi 10 juin, le SIPRI indique qu’au moins 59 conflits majeurs étaient en cours l’an dernier, un sommet jamais atteint depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale en 1946. Ces conflits, impliquant des États ou des acteurs non étatiques, étaient répartis dans 34 pays, principalement situés en Afrique et en Asie.
Parmi les théâtres de guerre les plus actifs figurent le Soudan, la bande de Gaza, l’Ukraine, ainsi que le Myanmar. Le rapport évoque également l’intensification des confrontations liées à la lutte contre les groupes jihadistes, notamment l’État islamique. « Le nombre de conflits armés dans le monde n’a jamais été aussi élevé depuis que le SIPRI a commencé à les recenser », souligne Mimmi Söderberg Kovacs, responsable de la recherche sur les conflits armés à l’institut suédois.
Les guerres les plus meurtrières
Selon les données du SIPRI, les conflits les plus meurtriers en 2023 ont été enregistrés au Soudan, en Israël et dans les territoires palestiniens, ainsi qu’en Ukraine. Le Soudan, notamment, connaît depuis avril 2023 une guerre civile opposant l’armée régulière au groupe paramilitaire des Forces de soutien rapide, une violence qui a causé des milliers de morts et provoqué des déplacés internes et externes en grand nombre.
Dans la région du Proche-Orient, le conflit entre Israël et le Hamas a connu une recrudescence majeure après l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste palestinien contre le territoire israélien. Depuis, les bombardements de représailles et les interventions militaires se sont multipliés, tant à Gaza qu’au Liban, comme en témoigne la frappe israélienne du 28 mars 2025 à Beyrouth sud.
La guerre en Ukraine, toujours en cours depuis l’invasion russe de février 2022, continue également de figurer parmi les plus sanglantes, malgré des lignes de front parfois figées.
Une implication croissante des acteurs extérieurs
Le rapport du SIPRI met aussi en lumière l’implication accrue d’acteurs étrangers dans ces conflits, y compris des puissances étatiques. Onze des cinquante-neuf conflits armés recensés en 2023 ont vu l’intervention directe de forces étrangères, soit le nombre le plus élevé en deux décennies. Le cas du Yémen illustre cette internationalisation croissante des conflits, avec l’implication de puissances comme l’Arabie saoudite et l’Iran, en soutien à des factions opposées.
Mimmi Söderberg Kovacs souligne que cette tendance complique la résolution des hostilités : « L’implication d’acteurs extérieurs rend les conflits plus longs, plus violents et plus difficiles à résoudre diplomatiquement. »
La paix de plus en plus difficile à rétablir
Plus de la moitié des principaux conflits en 2023 duraient depuis plus de dix ans, selon le SIPRI. Cette longévité des guerres s’accompagne d’après l’institut, d’un affaiblissement des mécanismes internationaux de résolution des conflits et d’une fragmentation accrue des belligérants. Le rapport évoque aussi un « recul » des institutions multilatérales face à ces défis sécuritaires croissants.
Enfin, le SIPRI note que cette prolifération des conflits s’inscrit dans un contexte de dégradation globale de la sécurité internationale, accentuée par les tensions géopolitiques et les rivalités stratégiques entre grandes puissances.
source : La Provence
