Au lendemain des propos du général Fabien Mandon, affirmant que la France devait se préparer à « accepter de perdre ses enfants » en cas de conflit avec la Russie, l’amiral Nicolas Vaujour a pris sa défense sur RTL. Le chef d’état-major de la Marine nationale estime que Mandon ne fait qu’assumer son rôle d’anticipation stratégique, malgré les vives réactions politiques.
Les mots du général Fabien Mandon continuent de provoquer une onde de choc politique. Mardi, devant les maires de France réunis en congrès, le chef d’état-major des armées avait averti que la France devait se préparer à des sacrifices humains en cas d’escalade avec la Russie, affirmant que « si notre pays flanche parce qu’il n’est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, alors on est en risque ». Une déclaration abrupte, lourde d’échos historiques, qui a immédiatement suscité une avalanche de critiques, de Jean-Luc Mélenchon à Sébastien Chenu en passant par Fabien Roussel.
Ce jeudi matin, sur RTL, l’amiral Nicolas Vaujour est venu soutenir son homologue. Pour le chef d’état-major de la Marine nationale, les propos de Fabien Mandon relèvent pleinement de ses responsabilités institutionnelles. « Le chef d’état-major des armées pose des scénarios, c’est normal. C’est son rôle d’anticiper les scénarios et de s’y préparer », a-t-il déclaré, rappelant que l’appréciation des menaces fait partie intégrante de la mission des armées. Sans minimiser le contexte géopolitique actuel, il a toutefois tenu à rassurer : « La Nation doit prendre conscience de ce contexte, mais la France n’est pas en péril, elle fait partie de coalitions, et nous avons une marine puissante. »
L’amiral Vaujour a néanmoins insisté sur la réalité des « actions hybrides » menées selon lui par la Russie. Il évoque un ensemble d’opérations situées « sous le seuil de la guerre », mais dont la portée est bien réelle. Il cite notamment l’endommagement de câbles Internet en Arctique ou encore le sabotage du gazoduc Nord Stream en mer Baltique, exemples de déstabilisation ciblée. « Dire que ce n’est pas volontaire n’a pas de sens », tranche-t-il, estimant que ces actes doivent être compris comme des signaux stratégiques.
Sur le plan politique, les réactions demeurent particulièrement tranchées. Jean-Luc Mélenchon a exprimé son « désaccord total » sur X, tandis que Fabien Roussel a rappelé le lourd tribut payé par la France lors des conflits passés, évoquant les « 51 000 monuments aux morts » du pays. À droite, le vice-président du Rassemblement national Sébastien Chenu est allé plus loin, jugeant que le général Mandon n’avait pas « la légitimité » pour évoquer publiquement de telles perspectives, qualifiant ses propos de « faute ».
Cette séquence met une nouvelle fois en lumière la tension croissante entourant les enjeux de défense et les rapports à la Russie. Alors que les armées appellent à un effort de lucidité stratégique, la classe politique s’interroge sur les limites du discours militaire dans l’espace public. Un débat qui, à mesure que les incertitudes internationales s’accroissent, pourrait devenir incontournable.
Sources :
Le Parisien – Article publié le 20/11/2025 – lien,
RTL