Une tentative d’intrusion informatique a forcé l’éditeur Weda à suspendre l’accès à son logiciel médical, privant temporairement des milliers de médecins et soignants libéraux de leur principal outil de travail. Entre consultations au papier-crayon et dossiers inaccessibles, l’incident révèle la fragilité numérique d’un secteur pourtant vital.
La semaine aura mis à rude épreuve des milliers de médecins généralistes, sages-femmes et professionnels de santé libéraux à travers tout le pays. Lundi soir, l’éditeur montpelliérain Weda, dont le logiciel médical est utilisé par environ 23 000 soignants fin 2024, a décidé de couper intégralement l’accès à sa plateforme après avoir détecté une « tentative d’intrusion ». Une décision prise en urgence, destinée à prévenir toute compromission de données sensibles, mais dont les conséquences ont été immédiates dans les cabinets.
Pendant quatre jours, nombre de praticiens ont dû renouer avec les méthodes les plus rudimentaires. Les consultations se sont déroulées « à l’ancienne », papier et crayon en main, sans accès aux historiques médicaux, aux ordonnances précédentes, aux résultats d’examens ni aux comptes rendus. « Pour nous, perdre l’accès à notre logiciel professionnel, c’est un peu comme perdre l’eau et l’électricité et avoir 15 personnes à dîner le soir », confie le docteur Philippe Mauboussin, généraliste dans l’Eure. Sa comparaison souligne la dépendance quotidienne des cabinets à ces outils numériques devenus centraux dans le suivi médical.
Vendredi matin, un « accès partiel » a pu être rétabli vers 9 h 30, selon le communiqué de Weda. L’entreprise assure que cette remise en service progressive s’effectue dans « un environnement sécurisé et contrôlé », afin de garantir un redémarrage durable « sans compromis sur la sécurité des données de santé ». Weda n’a toutefois pas précisé si des données de patients ou de soignants ont pu être dérobées lors de la tentative d’intrusion. Par mesure de précaution, la société a informé la Cnil et l’Anssi, tandis qu’une plainte a été déposée.
Sur le terrain, les difficultés ont été largement relayées par la presse locale, tant l’impact a été national. Le syndicat de sages-femmes ONSSF a recommandé à ses adhérents de vérifier que le mot de passe utilisé pour Weda n’était pas identique à ceux de leurs autres accès professionnels, craignant une compromission éventuelle. Une recommandation qui illustre le risque d’effet domino lors d’une brèche informatique, surtout dans un secteur où les identifiants sont souvent utilisés pour plusieurs services en ligne.
L’incident jette une lumière crue sur la vulnérabilité du monde médical face aux cyberattaques, alors même que les attaques contre les hôpitaux et cabinets se multiplient depuis plusieurs années. Weda appartient au groupe Vidal, éditeur du célèbre dictionnaire thérapeutique du même nom, ce qui place l’entreprise au cœur de l’écosystème numérique médical français. VIDAL Group appartient au groupe M3 Inc. (Japon) depuis l’acquisition finalisée en 2016. Parmi les actionnaires de ce groupe Japonais on peut citer Sony ( 33,94 %) et Goldman Sachs ( 2,39% ), Oasis ( 1,24 %), RBC ( 0,25% ) , Sumitomo Mitsui Financial Group (0,12 %), autant de groupes membres du Forum économique mondial.
Source : BFMTV, Zone Bouse, WeForum.