Le Future Risks Report 2025 d’AXA, groupe international français spécialisé dans l’assurance membre du Forum économique mondial groupe, mets en lumière un constat majeur : le monde est entré dans une ère de polycrises où les menaces se superposent, s’accélèrent et fragilisent les sociétés. Pour la première fois, les risques démographiques intègrent le Top 10 mondial, aux côtés du changement climatique, de l’instabilité géopolitique, de la cybersécurité, de l’intelligence artificielle, de la perte de biodiversité ou encore des tensions sociales. Cette convergence crée un environnement où les États, les entreprises et les citoyens doivent s’adapter plus vite que jamais, selon le groupe.
Depuis maintenant douze ans, le Future Risks Report explore les risques émergents auxquels le monde pourrait être confrontés dans les années à avenir. Le vieillissement planétaire constitue l’un des chocs les plus déterminants, selon le rapport 2025 d’AXA.
La démographie fait son entrée dans le classement
Le groupe s’appuie sur les projections internationales pour montrer à quel point la transition démographique redessine les équilibres économiques. Aux États-Unis, les seniors représentaient 18 % de la population en 2025 ; ils en représenteront 23 % en 2050, soit 90 millions de personnes, deux fois plus qu’aujourd’hui, s’inquiète le rapport. En Europe, la dynamique est encore plus marquée, avec près d’un habitant sur trois âgé de 65 ans ou plus d’ici le milieu du siècle, ce qui place le continent au rang de région la plus vieillissante au monde. L’Asie connaît un décrochage spectaculaire : dix pour cent de la population est senior aujourd’hui, dix-neuf pour cent le seront en 2050. La Chine illustre cette mutation accélérée, passant de sept pour cent de seniors en 2000 à quinze pour cent en 2024, puis trente-trois pour cent en 2050. À l’inverse, l’Afrique reste le continent le plus jeune, avec quatre pour cent de seniors en 2025 et six pour cent en 2050, mais devra gérer une explosion de sa population active, portée par un âge médian de dix-neuf ans et une fécondité encore très élevée.
Pour AXA, cette évolution démographique constitue un risque systémique car elle pèse sur la santé publique, les retraites, les finances publiques et l’équilibre intergénérationnel. Le rapport souligne qu’alors que les taux de fécondité mondiaux continuent de baisser, la population mondiale vieillit plus vite que jamais. De plus, les personnes âgées représentent une part croissante de la population dans presque toutes les régions, transformant les économies, les marchés du travail et les systèmes de santé. AXA estime que les systèmes pourraient connaître des tensions sévères, allant jusqu’à évoquer un risque de « défaillance » dans les décennies à venir si aucune réforme structurelle n’est menée.
Le changement climatique reste toutefois le premier risque identifié au niveau mondial.
Le changement climatique concentre l’inquiétude des experts depuis neuf ans, notamment parce qu’il amplifie toutes les autres menaces. Les dégâts sur les infrastructures, les catastrophes naturelles, la dégradation des ressources, l’insécurité alimentaire et les migrations climatiques forment un cercle de vulnérabilités qui s’étend, selon AXA. Le groupe note que les populations craignent davantage les impacts immédiats — destruction de biens, événements extrêmes — que l’insuffisance d’action collective pour atténuer le réchauffement. Cette contradiction, qualifiée par AXA de « paradoxe du climat », freine la transition et aggrave la vulnérabilité globale.
L’instabilité géopolitique remporte la deuxième place du classement
Derrière le climat, l’instabilité géopolitique se maintient au deuxième rang des risques mondiaux. Jamais depuis 1945 la planète n’avait connu autant de foyers de tensions simultanés, relève AXA. Les experts évoquent une menace réelle d’escalade globale, alimentée par la fragmentation des alliances internationales, la multiplication des guerres régionales et la montée des stratégies hybrides. En Europe, la géopolitique dépasse même le climat pour la première fois, signe d’une inquiétude renforcée face au risque d’un conflit majeur à l’horizon 2030.
La cybersécurité sur la troisième marche du podium
La cybersécurité complète le trio des risques majeurs. L’essor de l’intelligence artificielle, la sophistication croissante des attaques et la numérisation des infrastructures exposent les individus, les entreprises et les États à des menaces inédites. Les cyberattaques ciblant les hôpitaux, les réseaux énergétiques ou les entreprises stratégiques se multiplient. AXA souligne que soixante-dix pour cent des citoyens se sentent vulnérables dans leur vie quotidienne. L’Afrique est particulièrement touchée, avec une hausse fulgurante des cybercrimes et un manque de moyens de protection, mais le phénomène concerne toutes les régions.
L’IA dans le collimateur
L’intelligence artificielle devient également un risque de premier plan. Si son potentiel est immense, elle suscite des inquiétudes croissantes : atteinte aux droits humains, opacité des algorithmes, dépendance technologique, désinformation, perte de compétences cognitives et transformation accélérée du marché du travail. AXA note que seuls onze pour cent des experts estiment les autorités prêtes à gérer ces enjeux, ce qui en fait l’un des points les plus critiques du rapport.
Le monde entre dans une phase de polycrise
À ces risques s’ajoutent la montée des tensions sociales, la raréfaction des ressources naturelles, la fragilité financière, les menaces énergétiques et la perte de confiance dans les institutions. Le rapport insiste sur la fragmentation croissante des sociétés : les citoyens partagent de moins en moins de valeurs communes, les inégalités s’aggravent et les clivages politiques s’intensifient. Cette fragmentation devient un multiplicateur de risques, selon le groupe qui fut dirigé de 2010 à 2016 par Henri de Castries, président du comité de direction du groupe Bilderberg depuis 2012, car elle limite la capacité collective à réagir efficacement.
Pour rappel, les éditions 2023 et 2024 de Davos, le rassemblement annuel du Forum économique mondial, étaient largement axée sur un monde en « polycrise » comme l’idée qu’il y ait plusieurs crises interconnectées (économique, climatique, géopolitique, sociale). L’édition de 2023 avec le thème « coopération dans un monde fragmenté » était très probablement celle où cette notion était la plus centrale.
Le message du PDG d’AXA
Le CEO d’AXA et contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Thomas Buberl, souligne d’ailleurs dans le rapport que le monde entre dans une phase marquée par une polarisation croissante et un affaiblissement de la cohésion sociale et politique, facteurs qui aggravent des risques déjà globaux et interconnectés.
Face à cette « polycrise », Buberl appelle à une vision stratégique commune, plus de coopération internationale, et un renforcement des cadres de régulation sur des enjeux critiques comme l’IA, la stabilité financière ou le climat.
Malgré ce tableau préoccupant, AXA souligne en effet qu’une grande majorité de risques restent partiellement évitables grâce à la prévention, à l’innovation et à la coopération internationale, des thèmes chers au FEM également. Le rôle des assureurs est mis en avant : analyse prédictive, solutions de prévention, investissements responsables, soutien aux transitions énergétiques et adaptation climatique.
L’enjeu consisterait désormais à construire des sociétés plus résilientes, capables de répondre simultanément aux crises démographiques, climatiques, technologiques et géopolitiques.
Source : Futur Risk Report d’AXA 2025.