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Centrafrique : l’ONU prolonge sa mission d’un an face aux tensions politiques et aux pressions américaines

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À quelques semaines d’un quadruple scrutin décisif, le Conseil de sécurité a reconduit d’un an le mandat de la Minusca en Centrafrique, malgré les réticences des États-Unis. Cette décision intervient alors que le pays reste traversé par de fortes incertitudes sécuritaires et politiques. Les discussions autour d’un possible retrait après 2026 s’annoncent déjà délicates.

La République centrafricaine s’enfonce dans une période politique particulièrement sensible, à l’approche du quadruple scrutin prévu le 28 décembre. C’est dans ce contexte tendu que le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé, jeudi 13 novembre, de reconduire pour un an le mandat de la Minusca, la mission de maintien de la paix déployée depuis 2014. Une décision approuvée par quatorze membres, tandis que les États-Unis choisissaient l’abstention, traduisant leurs réserves persistantes quant à la pertinence et au coût de l’opération.

La prolongation jusqu’au 15 novembre 2026 s’accompagne néanmoins d’un ajustement à la baisse du plafond des effectifs, désormais fixé à 14 046 soldats contre 14 400 auparavant. Cette réduction symbolique intervient dans un climat marqué par les coupes budgétaires américaines, qui poussent l’ONU à reconfigurer progressivement ses missions. Le Conseil souligne par ailleurs sa volonté de réévaluer les effectifs une fois achevé le cycle électoral de 2025-2026, laissant entrevoir une transformation profonde du dispositif sur le terrain.

Les débats internes témoignent d’un dilemme persistant : comment concilier l’exigence de stabilité dans un pays encore fragile avec la pression internationale, en particulier américaine, en faveur d’un allègement des opérations de paix ? Washington plaidait pour une reconduction limitée à six mois ou pour une réduction plus substantielle des Casques bleus. L’ambassadeur américain, Mike Waltz, a estimé qu’un mandat plus court aurait permis d’établir une feuille de route plus précise. Une position en droite ligne avec la politique de l’administration Trump, qui a largement diminué la participation financière américaine au maintien de la paix.

Face à ces injonctions, d’autres voix au sein du Conseil ont rappelé la nécessité de privilégier une sortie progressive et maîtrisée. L’ambassadeur français, Jérôme Bonnafont, a insisté sur l’objectif central : garantir un retour durable à la paix afin de permettre, le moment venu, un transfert ordonné des responsabilités vers les autorités nationales. Une prudence partagée par le représentant centrafricain, Marius Aristide Hoja Nzessioué, qui a salué le renouvellement tout en soulignant que son gouvernement œuvrait à préparer les conditions d’un retrait « responsable » fondé sur les réalités sécuritaires du pays. Une transition trop rapide, prévient-il, risquerait de fragiliser les avancées obtenues au prix d’efforts considérables.

L’enjeu prend une dimension particulière à l’approche des élections, auxquelles sont théoriquement appelés 2,3 millions d’électeurs. Le processus, déjà ébranlé par la décision de l’opposition de boycotter le scrutin, s’annonce d’autant plus délicat que le président Faustin-Archange Touadéra vise un troisième mandat dans un climat de défiance croissante. Les tensions politiques, l’insécurité persistante dans plusieurs régions et la multiplication des accusations de verrouillage du processus électoral alimentent un paysage électoral instable, où la présence de la Minusca demeure perçue comme un rempart, malgré les critiques et les controverses.

Au-delà du scrutin, la question du futur de la mission onusienne reste entière. Le Conseil de sécurité a demandé au secrétaire général de présenter, d’ici septembre 2026, un rapport détaillé sur les perspectives de retrait et de transfert des tâches. Les débats à venir devraient donc déterminer non seulement l’ampleur de l’engagement international, mais aussi la capacité de l’État centrafricain à assumer pleinement des fonctions régaliennes encore fragilisées par plus d’une décennie de crise.

Sources :

Le Monde – « Centrafrique : la mission de l’ONU prolongée d’un an, malgré la pression américaine » (14 novembre 2025) – lien.

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