Deux semaines après le spectaculaire vol de bijoux au cœur du musée du Louvre, l’enquête s’intensifie. Quatre suspects ont été mis en examen et placés en détention provisoire, tandis que les enquêteurs tentent toujours de remonter la trace d’un cinquième homme et d’un butin volatilisé. Aucun complice interne n’a été identifié, mais la piste du crime organisé se précise.

Le 19 octobre dernier, le Louvre, symbole mondial du patrimoine et de la culture française, a été le théâtre d’un cambriolage d’une audace rare. Deux semaines plus tard, l’affaire continue de captiver autant qu’elle intrigue. Selon la procureure de Paris, Laure Beccuau, qui s’est exprimée ce dimanche matin sur Franceinfo, quatre individus sont désormais écroués, tandis qu’un cinquième membre du commando reste activement recherché.

Les derniers développements de l’enquête font état de deux nouvelles mises en examen : un homme de 37 ans et sa compagne de 38 ans, interpellés après la découverte de traces d’ADN dans la nacelle du monte-charge ayant servi lors du cambriolage. Le couple, parent de plusieurs enfants, nie toute implication. L’homme a choisi le silence, tandis que la femme, effondrée lors de sa présentation devant le juge, a affirmé « avoir peur » pour sa famille. Les enquêteurs s’interrogent sur la nature de l’ADN retrouvé, envisageant un possible transfert indirect.

Deux autres suspects, originaires d’Aubervilliers en Seine-Saint-Denis, âgés de 34 et 39 ans, ont été arrêtés le 25 octobre. Le premier, de nationalité algérienne, a été interpellé à l’aéroport de Roissy alors qu’il tentait de gagner l’Algérie. L’autre a été arrêté à Aubervilliers. Tous deux sont soupçonnés d’avoir pénétré dans la galerie d’Apollon, haut lieu du musée où se trouvaient les joyaux dérobés. Des analyses génétiques ont permis de les relier au matériel utilisé pour la fuite — scooters et vitrines fracturées.

Ces deux hommes ne sont pas inconnus de la justice : ils avaient déjà été condamnés en 2015 à Paris dans une affaire de vol. L’un, ancien ripeur et livreur, sans emploi récent, et l’autre, chauffeur de taxi clandestin, sont aujourd’hui poursuivis pour vol en bande organisée et association de malfaiteurs. Le casier du troisième homme arrêté, lui, affiche onze condamnations, dont dix pour des faits similaires. Un profil de récidiviste bien éloigné de l’image classique du grand banditisme structuré.

La procureure Beccuau l’a souligné : « On a des profils pas très connus en criminalité organisée qui montent assez vite sur des faits extrêmement graves. » Pour l’heure, aucun élément ne permet d’établir une complicité interne au Louvre. En revanche, plusieurs indices suggèrent la participation de « véhicules relais » et de soutiens logistiques extérieurs.

Mais le grand mystère demeure celui du butin. Les bijoux subtilisés n’ont pas été retrouvés malgré de multiples perquisitions. L’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) explore toutes les pistes possibles, des circuits parallèles de revente aux filières internationales. Le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez, se dit confiant, tout en admettant que les pièces volées pourraient avoir déjà quitté le territoire.

D’après Mme Beccuau, il n’est pas exclu que les joyaux aient servi de « monnaie d’échange » dans d’autres trafics, voire de marchandises de blanchiment dans le milieu du crime organisé. Une hypothèse qui plonge cette affaire déjà hors norme dans une zone grise où se mêlent précarité, opportunisme et réseaux souterrains.

Pour l’instant, le Louvre garde le silence, tandis que la police judiciaire s’affaire à reconstituer l’enchaînement exact des faits de cette nuit du 19 octobre. Une certitude : derrière les murs du plus grand musée du monde, l’ombre du cambriolage continue de planer.

Sources :

Le Dauphiné Libéré – « Cambriolage au Louvre : deux suspects avaient déjà été condamnés, ce que l’on sait de l’enquête » – lien

Franceinfo – Intervention de Laure Beccuau sur l’enquête du cambriolage du Louvre – 2 novembre 2025 – lien