Clôturant la Paulée de la Côte chalonnaise, le banquet du Canon Français a réuni cette année 1 700 convives, un record de fréquentation pour cet événement devenu emblématique à Chalon-sur-Saône. Une réussite alors qu’un banquet similaire a été interdit en Bretagne sur fond d’influence d’accusation d’influence du milliardaire Pierre-Édouard Stérin, figure de la droite conservatrice.
La Paulée de la Côte chalonnaise 2025 s’acheve ce dimanche dans une atmosphère festive et conviviale. Sous un soleil d’automne, les ruelles de Chalon-sur-Saône vibrent au son des fanfares et des toasts bourguignons. Pourtant, cette 23ᵉ édition a aussi été marquée par une controverse politique inattendue autour du Canon Français, société d’événementiel organisatrice du banquet géant.
Un banquet populaire devenu un rendez-vous majeur
Créée il y a à peine quatre ans, la jeune entreprise Le Canon Français s’est imposée comme un acteur majeur des banquets régionaux. À Chalon, son grand repas de clôture de la Paulée a rassemblé 1 700 personnes, contre 1 000 l’an passé, confirmant l’engouement pour ces festins célébrant la gastronomie et le terroir français.
Dans l’immense salle du parc des Expositions, cochons de lait, braseros et vins de la Côte chalonnaise ont régalé les convives. Musique, fanfare et ban bourguignon ont rythmé l’après-midi, sous l’œil des « canonniers » – ces bénévoles en habits vineux, garants d’une tradition populaire née dans la convivialité. L’esprit de la fête a été salué par les participants.
Une polémique politique avant les réjouissances
Quelques jours avant le lancement de la Paulée, la fête a cependant été éclaboussée par une polémique à caractère politique. Dans un communiqué publié le 13 octobre, la section du Parti communiste français (PCF) du Grand Chalon a dénoncé la participation du Canon Français, accusant l’entreprise d’être « la propriété du milliardaire d’extrême droite Pierre-Édouard Stérin ».
Connu pour ses positions ultraconservatrices et son projet “Périclès” révélé par L’Humanité visant à financer la montée du Rassemblement national, Stérin est aussi un investisseur prolifique dans des médias, des entreprises culturelles et des projets associatifs. En 2024, l’un de ses fonds a pris une participation dans Le Canon Français, créant une vague de soupçons sur la neutralité politique de la société.
Le cofondateur du Canon Français, Pierre-Alexandre de Boisse, a tenu à clarifier la situation :
« Nous, on veut juste faire notre travail. On ne fait pas de politique. C’est uniquement une relation de travail avec un fonds d’investissement. Nous existons pour rassembler les gens autour du patrimoine et du terroir, pas pour diviser. »
Il dénonce « une attaque orchestrée par l’ultragauche » et rappelle que ses événements « font travailler des producteurs locaux et redonnent vie aux traditions populaires ».
Le Canon Français, entre convivialité et controverse
Cette polémique intervient alors que la société multiplie les événements dans toute la France, attirant des dizaines de milliers de participants chaque année. Son modèle, fondé sur la célébration du terroir français, s’appuie sur une esthétique « franchouillarde » assumée – cochons rôtis, fanfares, vins et chants régionaux.
Mais cette imagerie, jugée « excluante » par certains, agace une partie de la gauche locale. Le PCF dénonce un événement « cher et peu accessible », le ticket d’entrée du banquet s’élevant à près de 80 euros.
« On efface l’esprit populaire de la Paulée, c’est une fête qui doit honorer les vendangeurs, pas les privilégiés », déplore Jean-Michel De Almeida, co-secrétaire du PCF du Grand Chalon.
Le parti reproche également au Canon Français une « homogénéité culturelle » symbolisée par la présence récurrente de viande porcine et de vins, qui « excluent certaines catégories de la population ».
La ville de Chalon-sur-Saône, de son côté, a refusé de « commenter un communiqué de propagande électorale », rappelant que la Paulée « reste avant tout une fête du vin et de la convivialité ».
Une fête qui dépasse les polémiques
Malgré cette tension, la Paulée 2025 s’est conclue sans heurts. Ni le Gueuleton des Alpes, organisé place de l’Hôtel-de-Ville, ni les banquets du Canon Français n’ont pâti d’un désistement. Bien au contraire : les réservations étaient complètes plusieurs semaines avant l’événement, preuve que la polémique n’a pas entamé la popularité de ces rendez-vous festifs.
En Bretagne, un banquet du même type a récemment été annulé à la suite d’une campagne d’opposition politique, signe que les banquets estampillés « Canon Français » sont désormais scrutés à la loupe. Mais à Chalon, le succès populaire reste indéniable. L’évènement a attiré 1700 personnes cette année contre 1000 l’année dernière.
Sources :
France 3 Régions – « Paulée de la Côte chalonnaise : accusé de rouler pour le milliardaire Stérin, l’organisateur des banquets répond aux critiques » – 16/10/2025 – france3-regions.francetvinfo.fr
Le Journal de Saône-et-Loire – « Ambiance, Gueuleton, dernier banquet du Canon Français : suivez cette dernière journée de la Paulée de la Côte chalonnaise 2025 » – 19/10/2025 – lejsl.com