Cible de théories complotistes après la présidentielle de 2020, le fabricant de machines à voter Dominion a été racheté par Liberty Vote, une société fondée par un ancien responsable électoral républicain du Missouri. L’entreprise promet de “restaurer la confiance” dans le vote, en ligne avec la vision défendue par Donald Trump.
L’annonce a fait grand bruit dans le monde politique américain. Le groupe Dominion Voting Systems, fabricant de machines à voter utilisé dans plus de la moitié des États américains, a été racheté par Liberty Vote, une jeune société fondée par Scott Leiendecker, ancien responsable républicain des élections dans le Missouri.
Ce rachat, révélé le 9 octobre par la presse américaine et confirmé par The New York Times, intervient cinq ans après que Dominion a été au cœur des théories complotistes relayées par le camp Trump lors de l’élection présidentielle de 2020. À l’époque, Donald Trump et ses partisans accusaient la société d’avoir truqué les résultats en faveur de Joe Biden — une affirmation démentie par les enquêtes officielles, mais reprise massivement dans les médias conservateurs, notamment Fox News.
En 2023, Fox News avait accepté de verser 787 millions de dollars à Dominion pour éviter un procès en diffamation, une affaire qui avait marqué un tournant dans la lutte contre la désinformation électorale.
Une entreprise “patriotique” et alignée sur la Maison-Blanche
Dans son communiqué, Liberty Vote a promis de “restaurer la confiance dans le processus électoral” et d’assurer la conformité avec le décret signé par le président Trump en mars dernier sur la réforme du système électoral. La société affirme vouloir s’appuyer “exclusivement sur des logiciels et des employés américains”.
“Liberty Vote semble s’aligner sur la vision promue par Donald Trump d’un retour au vote papier et d’un contrôle renforcé des procédures électorales”, écrit le site Axios. Son fondateur, Scott Leiendecker, dirige également KNOWiNK, une société spécialisée dans les registres électoraux électroniques, déjà utilisée par plusieurs États américains.
Selon les informations du New York Times, Leiendecker aurait personnellement financé le rachat de Dominion, dont le montant n’a pas été révélé.
Un symbole politique fort
L’opération est lourde de symboles : Dominion, autrefois vilipendée par le camp Trump, devient la propriété d’un proche de ses réseaux politiques. “C’est une récupération stratégique”, analyse Axios, “visant à redonner au camp conservateur la maîtrise d’un outil qu’il avait accusé d’être manipulé.”
Pour l’heure, ni la Maison-Blanche ni le département de la Justice n’ont commenté le rachat. Mais dans un climat politique polarisé à l’approche des élections de mi-mandat de 2026, cette acquisition pourrait relancer le débat sur la sécurité et la neutralité du vote électronique aux États-Unis.
Sources :
– Courrier international – États-Unis : Dominion, le fabricant de machines à voter, racheté par un ex-responsable républicain, 13 octobre 2025 – courrierinternational.com
– The New York Times – Dominion Voting Systems Sold to Liberty Vote, 9 octobre 2025 – nytimes.com
– Axios – Trump-Aligned Company Buys Dominion Voting Systems, 10 octobre 2025 – axios.com