À peine les troupes israéliennes partiellement retirées, le Hamas a lancé une vaste opération interne pour reprendre le contrôle de la bande de Gaza. Le mouvement islamiste traque désormais clans et milices soupçonnés de collaboration avec Israël, au risque d’ouvrir un nouveau cycle de violence.
Le fracas des armes israéliennes à peine retombé, un autre bruit s’est imposé à Gaza : celui des règlements de comptes. Selon le média local Felesteen, de violents affrontements ont éclaté les 11 et 12 octobre entre les forces du Hamas et une milice issue du clan Dagmach, accusée de “liens avec l’occupation israélienne”. Les combats seraient en effet concentrés dans les quartiers de Sabra et Tal Al-Hawa, au cœur de la ville de Gaza, ont fait plusieurs morts, dont le fils d’un dirigeant du Hamas et celui d’un cadre des Brigades Al-Qassam, ainsi qu’un journaliste, Saleh Jafarawi, très suivi sur les réseaux sociaux.
Ces violences, les plus graves depuis la fin des opérations israéliennes dans l’enclave, marquent le début d’une nouvelle phase : celle d’une reconquête interne. “Le Hamas s’est rapidement redéployé sur l’ensemble du territoire pour réaffirmer son contrôle et régler ses comptes”, note le Financial Times. Des milliers d’hommes, en uniforme bleu ou en civil, ont été déployés à travers la bande de Gaza, installant des barrages, arrêtant des suspects, et menant des opérations ciblées contre les groupes accusés de collaboration.
D’après la BBC, près de 7 000 membres des forces de sécurité du Hamas ont été mobilisés dans le but affiché de “nettoyer Gaza des hors-la-loi et des collaborateurs d’Israël”. Le mouvement, appelé par la communauté internationale à déposer les armes dans le cadre des discussions sur l’après-guerre, semble au contraire vouloir montrer qu’il reste maître de la situation.
“Le Hamas se prépare à assouvir sa vengeance contre ceux qui s’opposent à son régime”, avertit The Jerusalem Post. L’organisation islamiste, depuis sa création à la fin des années 1980, a souvent usé de méthodes brutales pour asseoir son autorité. Yahya Sinwar, son ancien chef à Gaza, tué en 2024 par l’armée israélienne, avait lui-même construit son pouvoir sur l’élimination systématique de supposés “collaborateurs”, rappelle le quotidien israélien.
Dans cette atmosphère de suspicion et de peur, les rivalités internes se multiplient. Plusieurs milices soutenues par Israël, dont les Forces populaires de Yasser Abou Chabab à Rafah ou les groupes d’Achraf Al-Mansi et Houssam Al-Astal plus au nord, défient désormais ouvertement le Hamas. “Le Hamas est faible”, déclarait récemment Houssam Al-Astal au site Ynetnews. Mais pour beaucoup de Gazaouis, c’est surtout le retour du “règne de la terreur” qui inquiète, écrit The Times of Israel.
Les experts redoutent une “nouvelle vague de violence dans les semaines et les mois à venir”. Alors que la communauté internationale prépare des discussions sur le désarmement du Hamas, celui-ci a réaffirmé qu’il était “hors de question” de rendre les armes. Dans l’enclave exsangue, la paix reste une promesse lointaine, suspendue entre vengeance, pouvoir et chaos.
Sources :
Courrier international – “À Gaza, le Hamas se lance dans une chasse aux ‘traîtres’”, 13 octobre 2025 – courrierinternational.com
Felesteen – Report on clashes between Hamas and Dagmach clan in Gaza, octobre 2025 – felesteen.ps
Financial Times – Hamas seeks to reassert control in Gaza after Israeli withdrawal, 12 octobre 2025 – ft.com
BBC – Hamas deploys forces to reclaim control of Gaza, 13 octobre 2025 – bbc.com
The Jerusalem Post – Hamas crackdown on rival clans sparks fear of renewed violence, 13 octobre 2025 – jpost.com
Ynetnews – Rival Gaza militias challenge weakened Hamas rule, 13 octobre 2025 – ynetnews.com
