Après les propos tranchés de Marine Le Pen affirmant que le Rassemblement national censurerait « tout gouvernement jusqu’à obtenir la dissolution », Jean-Philippe Tanguy a tempéré la position du parti ce dimanche. Sur le plateau de BFMTV, le député RN a déclaré que « la censure n’est pas automatique », ouvrant la voie à une stratégie plus pragmatique.
Changement de ton au Rassemblement national. Alors que Marine Le Pen martelait il y a quelques jours que son parti voterait la censure « de tout gouvernement jusqu’à la dissolution de l’Assemblée », son lieutenant Jean-Philippe Tanguy a adopté une ligne plus nuancée ce week-end.
Invité de BFMTV, le député RN et vice-président du groupe parlementaire a affirmé que « la censure n’est pas automatique », expliquant que la position du mouvement dépendra du contenu de la déclaration de politique générale du Premier ministre Sébastien Lecornu.
« On écoutera ce qui est dit. La censure, ce n’est jamais automatique », a insisté Jean-Philippe Tanguy, précisant que le RN était « au service des Français » et qu’il jugerait le gouvernement « sur les actes et non sur les étiquettes ».
Une stratégie d’opposition modulée
Ce rétropédalage apparent contraste avec la ligne dure défendue par Marine Le Pen au lendemain de la reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon. L’ancienne candidate à la présidentielle avait alors promis de censurer systématiquement le gouvernement, dénonçant une « mascarade politique » et appelant à une dissolution immédiate de l’Assemblée nationale.
Mais selon Jean-Philippe Tanguy, cette position visait avant tout à protester contre le “casting permanent” du macronisme. Il a rappelé que Marine Le Pen et Jordan Bardella entendaient s’opposer à une « manipulation politique » plus qu’à des mesures concrètes.
« Évidemment, si M. Lecornu annonce des mesures allant dans le sens de la maîtrise des comptes publics ou d’une baisse de la TVA sur les énergies, comme nous le proposons, je ne vais pas censurer », a-t-il poursuivi, soulignant le pragmatisme du RN sur certains sujets économiques.
Une inflexion tactique avant la rentrée parlementaire
Cette volte-face verbale du député picard traduit les débats internes qui traversent le parti à l’approche de la nouvelle session parlementaire. Plusieurs cadres du RN souhaitent adopter une posture plus institutionnelle, marquant la volonté du parti de se présenter comme force de gouvernement en vue de la présidentielle de 2027.
Le chef de file des députés RN, Jordan Bardella, avait lui-même laissé entendre dans une interview à CNews que le parti « voterait en responsabilité » si des mesures correspondaient à ses priorités économiques. Une position que Jean-Philippe Tanguy semble désormais confirmer, cherchant à se démarquer d’une opposition de principe jugée trop rigide.
Le RN face à son dilemme stratégique
Le revirement intervient alors que le RN bénéficie de son meilleur niveau d’intentions de vote dans les sondages, autour de 34 %, selon une étude IFOP publiée le 10 octobre. Pour certains observateurs, ce repositionnement traduit la volonté de rassurer l’électorat modéré et d’éviter l’image d’un parti d’obstruction.
Cependant, cette nuance tactique pourrait aussi fragiliser la cohérence du discours du RN, entre la ligne d’opposition frontale incarnée par Marine Le Pen et celle plus conciliante portée par ses lieutenants parlementaires. Reste à savoir si cette souplesse stratégique sera perçue comme une preuve de maturité politique ou comme un signe de flottement idéologique à droite de l’échiquier.
Sources :
BFMTV – « Jean-Philippe Tanguy nuance la position du RN sur la censure du gouvernement » – 11 octobre 2025
Le Monde – « Marine Le Pen promettait une censure systématique, Tanguy rectifie le tir » – 10 octobre 2025
Ifop – Sondage sur la popularité du Rassemblement national – octobre 2025