Un an après la dissolution ratée de l’Assemblée nationale, le regard espagnol sur Emmanuel Macron est implacable. Dans un article fleuve, El País dresse le portrait d’un président qui, selon ses journalistes, termine son second mandat “isolé, sans héritier politique, et sans autre héritage que la pratique monarchiste du pouvoir”.
Le quotidien espagnol retrace l’ascension fulgurante de Macron, “probablement le responsable politique le plus doué intellectuellement d’Europe”, devenu à 39 ans le plus jeune président de la République française. Mais il insiste : après son échec aux européennes de 2024 et la dissolution anticipée de l’Assemblée, son pouvoir s’effrite.
Le crépuscule d’un centrisme à la française
Pour El País, la dissolution surprise, destinée à relancer son mandat, n’a fait qu’accélérer sa fin. Le centre, qui avait porté Macron au pouvoir en 2017 dans un contexte européen dominé par Trump et le Brexit, apparaît désormais comme un espace vide. Et le journal espagnol d’insister : si la victoire de Macron avait été perçue comme un frein aux nationalismes en Europe, son deuxième mandat aura surtout marqué l’échec de la technocratie française à répondre aux crises sociales et politiques.
Entre Ricœur et Jupiter
Le portrait dressé par El País rappelle aussi les racines philosophiques de Macron, nourri de Ricœur, et sa capacité à “penser les deux pôles en même temps”. Mais la presse espagnole souligne l’ombre grandissante du président, présenté comme “monarchique, solitaire, arrogant”, voire “tyrannique” selon ses anciens proches. À l’image de ses multiples ministres et Premiers ministres remplacés sans ménagement.
Une France fracturée
Le quotidien s’attarde sur l’échec de Macron à réduire la fracture territoriale. Dans les campagnes comme dans les banlieues, près de 80 % des habitants se sentent perdants de ses politiques. Et même si la France a su contenir l’ultradroite aux portes du pouvoir, El País doute de la capacité du macronisme à lui survivre.
Vers un retour en 2032 ?
Le journal espagnol conclut néanmoins sur une note ambiguë : Macron reste un homme politique difficile à enterrer. Il rappelle que certains analystes, comme Joseph de Weck, estiment que le centrisme pourrait renaître après le cycle actuel. D’autres rappellent que la Constitution interdit seulement deux mandats consécutifs… laissant ouverte l’hypothèse d’une candidature Macron en 2032. C’est justement ce qu’il vient de laisser entendre samedi devant les jeunesses macronistes, mais en dehors des médias et des cercles économiques peu de français devraient s’en réjouir, tant le président aura laissé un pays fracturé.
Source : Courrier international.
