À l’occasion de la 4ᵉ conférence sur le financement du développement organisée en Espagne ce lundi 1er juillet, Emmanuel Macron a exhorté la communauté internationale à refonder l’architecture financière mondiale pour répondre aux défis conjoints de la pauvreté, du climat et des inégalités.
Le président français a d’abord salué la mobilisation de l’Espagne, des Nations unies et du Premier ministre Pedro Sánchez, qualifiant cette conférence de « source d’espoir pour la paix et la stabilité mondiale ». Pour Emmanuel Macron, le financement du développement n’est pas un sujet technique mais une question existentielle : « La pauvreté déplace les plus vulnérables, nourrit les trafics et provoque des flux migratoires incontrôlés, générant conflits et désespoirs. »
Des constats alarmants sur l’état du monde
Emmanuel Macron a dressé un état des lieux préoccupant depuis la dernière conférence d’Addis-Abeba : vulnérabilité climatique accrue, endettement massif des pays pauvres et à revenus intermédiaires, augmentation des dépenses sécuritaires qui pénalisent les investissements sociaux, tensions budgétaires dans les pays riches réduisant la solidarité internationale, guerres commerciales, et retrait américain du financement multilatéral. « Rien de ce que nous avions établi il y a 2-3 ans ne s’est positivement amélioré », a-t-il constaté.
Quatre axes prioritaires
Pour répondre à cette situation, le président français a esquissé quatre axes de travail majeurs.
1. Lever de nouvelles ressources internationales.
Macron a rappelé le succès du réallouement des droits de tirage spéciaux du FMI, qui a permis de mobiliser plus de 100 milliards de dollars au profit des pays fragiles. Il a plaidé pour de nouvelles taxes internationales sur le transport maritime et l’aviation, afin de financer les priorités mondiales.
2. Mieux utiliser l’argent public.
Il a insisté sur la nécessité d’optimiser l’impact des banques multilatérales de développement en mobilisant davantage leurs bilans. « Leur objectif n’est pas de préserver une notation AAA, mais d’investir », a-t-il martelé, appelant à multiplier les effets de levier public-privé et à rendre plus efficace l’usage des fonds verticaux.
3. Respecter les souverainetés et développer des plateformes pays.
Le président français a plaidé pour une approche inversée : ce sont les pays bénéficiaires qui doivent définir leurs priorités, et non les donateurs. Il a cité en exemple les programmes de transition énergétique « Just Energy Transition Partnerships » et a souhaité étendre cette méthode aux politiques de biodiversité et de santé, notamment en vue du One Health Summit prévu à Lyon en novembre. Il a également appelé à renforcer la fiscalité domestique des pays bénéficiaires, jugeant qu’une taxation inférieure à 15% n’était pas soutenable.
4. Développer les chaînes de valeur locales.
Pour Emmanuel Macron, la meilleure politique de développement passe par la création de richesses sur place. Il a dénoncé la logique extractive dans les secteurs miniers ou agricoles, appelant à « transformer les ressources localement » afin de créer des emplois. Le président a également pointé la nécessité de réduire le coût du capital pour ces pays, en simplifiant la régulation financière internationale qui freine l’investissement, et en réaffirmant l’importance du commerce équitable : « La guerre commerciale est une aberration qui pénalise les pays en développement. »
Un agenda international chargé
Emmanuel Macron a conclu en appelant à poursuivre cet agenda lors des prochains rendez-vous mondiaux : la COP30 au Brésil, le One Health Summit à Lyon, et la présidence française du G7 en 2026. « Nous devons lever l’argent là où il est, mieux utiliser l’argent public, et développer des chaînes de valeur pour créer des emplois dans les pays qui en ont le plus besoin », a-t-il résumé.
Dans un monde marqué par la multiplication des crises, le chef de l’État français espère que cette conférence de Séville sera le point de départ d’une véritable refonte du financement du développement, fondée sur la justice économique, la souveraineté des pays et la solidarité internationale.