L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le ministère soudanais de la Santé ont lancé une campagne de vaccination orale contre le choléra dans l’État de Khartoum, visant à protéger plus de 2,6 millions de personnes face à une épidémie en pleine expansion.
Depuis le 10 juin 2025, une campagne de vaccination d’urgence contre le choléra est en cours dans cinq localités de l’État de Khartoum, au Soudan. L’objectif : immuniser les personnes âgées d’un an et plus afin d’interrompre la transmission de la maladie, freiner sa progression et endiguer une épidémie qui a déjà fait plus de 239 morts dans la région.
Une épidémie de choléra aggravée par la guerre au Soudan
Depuis mai 2025, plus de 16 000 cas de choléra ont été recensés dans les sept localités de l’État de Khartoum. Ce foyer épidémique s’inscrit dans un contexte de guerre prolongée depuis avril 2023, provoquant un effondrement des infrastructures sanitaires, des difficultés d’accès humanitaire, et une crise d’approvisionnement en eau potable, selon l’OMS.
La dégradation des installations d’eau, causée notamment par des attaques ciblées contre les infrastructures énergétiques et hydrauliques, a conduit à une détérioration grave des conditions sanitaires. Cette situation est exacerbée par le déplacement massif des populations et l’effondrement des services de santé, favorisant la propagation rapide du choléra dans tout le pays.
Une réponse d’urgence coordonnée avec l’OMS et l’UNICEF
La campagne, soutenue par l’OMS et l’UNICEF, se déploie à Jebel Awalia, Sharg Elneel, Omdurman, Karrari et Umbada, les zones les plus touchées de l’État de Khartoum. Elle s’appuie sur des sites de vaccination mobiles et fixes afin d’atteindre efficacement les populations vulnérables précise l’agence onusienne. .
« Les vaccins vont stopper le choléra dans son élan pendant que nous renforçons les autres interventions de réponse », a déclaré Dr Shible Sahbani, représentant de l’OMS au Soudan.
Le ministère soudanais de la Santé a salué le lancement de cette initiative comme un tournant essentiel dans la lutte contre l’épidémie, notamment pour protéger les populations les plus à risque.
Une menace régionale aux conséquences sanitaires majeures
Depuis juillet 2024, l’épidémie s’est propagée à 92 localités réparties dans 13 des 18 États soudanais, infectant plus de 74 000 personnes et causant 1 826 décès. La mobilité transfrontalière des populations inquiète les autorités sanitaires, en raison du risque élevé de propagation du choléra vers les pays voisins. Une coordination régionale devient ainsi cruciale.
Le choléra, maladie diarrhéique aiguë provoquée par l’ingestion d’eau ou de nourriture contaminée par la bactérie Vibrio cholerae, est considéré comme un indicateur majeur d’inégalités sanitaires et de sous-développement.
Vaccination, hygiène et sensibilisation
Outre la vaccination orale, la stratégie de réponse comprend la gestion des cas en milieu hospitalier, le renforcement des infrastructures d’eau, d’hygiène et d’assainissement (WASH), la surveillance épidémiologique et la communication de risque et la mobilisation communautaire.
L’OMS affirme dans un communiqué son engagement à maintenir ses opérations humanitaires au Soudan malgré les risques sécuritaires, afin de protéger les personnes les plus vulnérables.