You are currently viewing Objectif 2030 : Comment L214 veut diviser par deux l’abattage d’animaux en France
Cette image a été générée à l’aide d’une intelligence artificielle. Elle ne constitue pas une photographie réelle de la scène ou de la personne représentée.

Objectif 2030 : Comment L214 veut diviser par deux l’abattage d’animaux en France

L’association de protection animale L214 révolutionne son approche militante en présentant ce mardi 10 juin un rapport visant à diviser par deux le nombre d’animaux abattus en France d’ici 2030. Cette initiative composé de vingts propositions concrètes marque un tournant stratégique vers une démarche prospective et mesurée, loin des actions coup de poing habituelles de l’organisation.

L’objectif affiché : passer de 1,2 milliard d’animaux terrestres et 7 milliards d’animaux aquatiques actuellement tués chaque année à respectivement 600 millions et 3,5 milliards d’ici la fin de la décennie. Une ambition qui s’inscrit dans une logique de transition alimentaire globale, alignée sur les impératifs environnementaux et sanitaires contemporains.

Moratoire sur l’élevage intensif et accompagnement des producteurs

La proposition phare du rapport concerne l’instauration d’un moratoire sur les exploitations intensives, définies comme les structures où les animaux n’accèdent jamais à l’extérieur. Cette mesure s’accompagne d’un plan d’accompagnement spécifique pour les éleveurs, reconnaissant les difficultés économiques du secteur.

Les chiffres révélés par l’association illustrent la précarité financière des professionnels : un endettement moyen de 360 000 euros pour les éleveurs de volailles et bovins, montant à 540 000 euros pour les producteurs porcins. Cette réalité économique justifie, selon L214, une transition progressive et socialement responsable.

Réorientation des subventions agricoles

Le plan propose une refonte complète du système de soutien public à l’agriculture, privilégiant le développement des cultures végétales destinées à l’alimentation humaine. Cette réorientation budgétaire viserait à stimuler la production de légumes et légumineuses, créant une alternative économique viable pour les agriculteurs.

Régulation de la grande distribution et équilibrage de l’offre

L214 pointe du doigt les pratiques commerciales actuelles, où la viande bon marché sert de produit d’appel dans les enseignes. L’association préconise une représentation équitable des alternatives végétales dans les rayons et impose qu’au moins une option végétale soit systématiquement moins chère que son équivalent carné dans les plats préparés.

Consensus climatique sur la réduction des cheptels

Le rapport s’appuie sur de nombreuses études de référence, notamment celles de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), de l’association Solagro et du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ces travaux convergent tous vers la nécessité de réduire significativement les cheptels pour atteindre la neutralité carbone.

L214 se distingue cependant en plaçant explicitement le bien-être animal au centre de sa démarche, complétant les approches purement environnementales des scénarios climatiques traditionnels.

Alerte sur les fausses solutions climatiques

L’association met en garde contre le piège du report de consommation vers la volaille, présentée comme moins impactante climatiquement que la viande rouge. Cette stratégie masque selon elle une réalité cruelle : les conditions d’élevage intensif des volailles représentent parmi les pires souffrances animales, avec des cycles de vie de quelques semaines dans des espaces confinés à densité maximale.

Pêche et aquaculture : L’angle mort des transitions

Le document souligne l’importance souvent occultée des ressources aquatiques dans les réflexions sur la transition alimentaire. L214 rappelle que la moitié des poissons pêchés sert effectivement à l’alimentation humaine, l’autre moitié étant transformée en huiles et farines pour les élevages aquacoles, créant une chaîne de dépendance complexe.

Cette dimension maritime des enjeux alimentaires reste largement absente des débats publics sur la réduction de la consommation animale, concentrés principalement sur l’élevage terrestre.

Régulation Publicitaire et Déconstruction des Mythes

L214 insiste sur la nécessité de réguler les discours promotionnels autour de la consommation carnée. L’association dénonce la persistance de « discours arriérés » sur les régimes sans viande et la promotion d’un modèle d’élevage paysan français largement minoritaire dans la réalité.

Les statistiques avancées sont édifiantes : huit animaux abattus sur dix proviennent d’élevages intensifs, un modèle qui détruit l’emploi rural en nécessitant six à sept fois moins de main-d’œuvre que l’élevage extensif.

Tabou gouvernemental sur la réduction des cheptels

La publication de ce rapport intervient dans un contexte politique peu favorable. Le projet de Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc), mis en consultation par le gouvernement, évite soigneusement tout objectif chiffré concernant la consommation de viande.

Parallèlement, la proposition de loi « Duplomb » examine des mesures d’assouplissement des contraintes sur les grands élevages, illustrant la résistance politique aux évolutions préconisées par les associations de protection animale.

Alliance stratégique des organisations de protection animale

La démarche de L214 reçoit l’appui de plusieurs organisations spécialisées. La Fondation droit animal, éthique et sciences (LFDA) partage largement l’analyse du rapport, soulignant les importantes marges d’amélioration existantes en matière de condition animale.

L’association Compassion in World Farming (CIWF) salue également cette approche du « moins et mieux » en matière de produits d’élevage, considérant cette convergence associative comme nécessaire face aux reculs politiques observés.

Coût de l’inaction et bénéfices de l’anticipation

L214 souligne l’urgence économique d’une action immédiate, s’appuyant sur des études démontrant qu’il est significativement moins coûteux d’agir aujourd’hui que de réparer dans dix ou vingt ans les dégâts environnementaux et sanitaires de l’inaction.

Cette dimension économique de l’argument éthique vise à convaincre au-delà du cercle des convaincus, en touchant les décideurs sensibles aux enjeux budgétaires et fiscaux à long terme.

Source : Le Monde.

Laisser un commentaire