Jean-Michel Aulas, toujours non officiellement candidat à la mairie de Lyon, a déclenché une tempête politique en suggérant la gratuité des transports en commun pour les Lyonnais percevant moins de 2500 euros nets par mois. Une mesure jugée irréaliste par l’ensemble des forces politiques, à l’exception des communistes.
Très actif sur les réseaux sociaux, l’ex-président de l’Olympique lyonnais multiplie les signaux en direction d’une future candidature. Sa dernière sortie en date ? Une proposition ciblée de gratuité des transports pour les Lyonnais dont les revenus mensuels n’excèdent pas 2500 euros nets, soit environ 100 000 personnes selon ses estimations. Le coût de cette mesure serait de 30 millions d’euros.
Mais cette annonce, plutôt bien accueillie par une partie de l’opinion, a été vivement critiquée par la majorité écologiste en place et l’opposition de droite. Ces derniers dénoncent une mesure électoraliste, inapplicable dans les faits, et surtout hors des compétences municipales.
Les limites de la compétence municipale
Le principal reproche formulé à l’encontre d’Aulas est juridique : la ville de Lyon n’a pas la main sur les tarifs des transports publics, gérés par le Sytral — une entité métropolitaine présidée par l’élu écologiste Bruno Bernard. Ce dernier a d’ailleurs rappelé que la politique de gratuité actuelle s’appuie sur une solidarité ciblée, avec des dispositifs pour les moins de 11 ans, les bénéficiaires du RSA ou encore les demandeurs d’asile.
L’opposition de droite, par la voix d’Alexandre Humbert Dupalais, a également taclé une « promesse hors-sol », rappelant que même avec un abonnement TCL à 74 €, une part est déjà couverte par l’employeur, réduisant le coût réel pour le salarié. « Ce n’est pas à la ville de Lyon de décider seule de telles gratuités », a-t-il insisté.
Soutien discret des communistes et contre-attaque du Sytral
Fait notable : seuls les communistes ont soutenu l’idée d’Aulas, qui rejoint certaines de leurs revendications anciennes. Le collectif Génération Aulas, qui milite pour sa candidature, déplore de son côté la complexité des aides actuelles et le faible taux de recours.
Mais l’équipe de Bruno Bernard n’a pas tardé à répliquer. Le président de la Métropole a critiqué l’argumentaire d’Aulas, notamment lorsqu’il a évoqué, pour illustrer son propos, un retraité qui paierait 50 € par mois d’abonnement TCL. Sur les réseaux sociaux, Brun Bernard précise qu’«Il n’existe pas d’abonnement TCL à 50€/mois pour nos retraités ». « Un retraité non imposable peut bénéficier de l’abonnement Solidaire à 10,50€/mois, , mis en place par Sytral Mobilités en 2021. »
Une mesure plus coûteuse qu’il n’y paraît ?
Au-delà de l’aspect juridique, plusieurs experts s’interrogent sur le chiffrage de l’ancien patron de l’OL. Selon des données de l’Insee, un revenu de 2500 € net correspond davantage au salaire médian à Lyon, ce qui impliquerait une population éligible bien supérieure aux 100 000 personnes avancées. En outre, la chambre régionale des comptes estime qu’une gratuité totale du réseau coûterait à terme jusqu’à 600 millions d’euros par an, mettant en péril la capacité d’investissement dans de nouvelles lignes.
Le collectif Génération Aulas soutient pour sa part que la mesure est finançable à 100 % par la ville, sans hausse d’impôt ni augmentation de la dette, en misant sur des économies de gestion, la lutte contre la fraude et des recettes indirectes issues de la relance du BTP.
Une stratégie de campagne déguisée ?
En attendant une déclaration de candidature officielle — annoncée pour septembre — Aulas continue de tester ses propositions dans l’espace public. Après avoir promis de supprimer le cabinet du maire et de renoncer à ses indemnités s’il est élu, l’homme d’affaires tisse lentement sa stratégie. Les sondages lui donnent entre 20 et 25 % d’intentions de vote, le plaçant en potentiel rival sérieux du maire écologiste Grégory Doucet.
Source : Le Figaro.