Lors de son audition par la commission d’enquête du Sénat sur les aides publiques accordées aux grandes entreprises, Bernard Arnault, PDG de LVMH, a vivement critiqué l’interventionnisme de l’État dans la gestion des entreprises privées. Une réponse claire aux récentes prises de position d’Emmanuel Macron, qui appelait à davantage de patriotisme économique de la part des groupes du CAC 40.
« Il est très mauvais pour l’État de se mêler de la gestion des entreprises privées », a martelé Bernard Arnault, estimant que ce type d’intervention mène souvent « à la catastrophe ». Le milliardaire français, à la tête du numéro un mondial du luxe, refuse ainsi toute injonction politique sur les choix économiques de son groupe.
Défendant le patriotisme de LVMH, il assure : « C’est peut-être le groupe le plus patriote du CAC 40 ». Mais selon lui, la meilleure façon d’exprimer ce patriotisme n’est pas de suivre des consignes politiques, mais de créer de la valeur, de l’emploi et d’anticiper les défis internationaux.
Délocalisation, fiscalité, douanes : un climat économique jugé incertain
En janvier dernier, Bernard Arnault avait déjà créé la polémique en dénonçant les mesures fiscales prévues dans le budget 2025, notamment une surtaxe sur les grandes entreprises, qualifiées d’« incitation à la délocalisation ». Une critique qu’il renouvelle aujourd’hui en rappelant que LVMH possède déjà des ateliers aux États-Unis, notamment au Texas, depuis plus de 30 ans.
Face à la montée des tensions commerciales, notamment avec les États-Unis et la Chine, le PDG avertit : « Si les droits de douane augmentent, certaines entreprises européennes vont en pâtir durement. »
Il prend l’exemple du secteur du cognac, dont 80 % des ventes se font à l’international : « Si on continue à sous-estimer le problème, il sera trop tard. Et on va se retrouver avec des plans sociaux. Ce sera une catastrophe. »
L’Europe doit « s’inspirer des Anglais »
Interrogé sur ses liens avec Donald Trump, Bernard Arnault a affirmé que l’ancien président américain était « très ouvert » à un dialogue avec les entreprises européennes. Il appelle l’Union européenne à adopter une stratégie commerciale plus souple, à l’image du Royaume-Uni, qu’il estime avoir « très bien négocié » ses relations avec les États-Unis.
Une pique indirecte adressée à François-Henri Pinault, PDG de Kering, qui avait récemment déclaré qu’il n’était pas envisageable de produire des sacs Gucci en dehors de l’Italie.
Bernard Arnault tacle l’Humanité et Le Monde
Le patron de LVMG s’est dit « choqué » par un article du journal l’Humanité dirigé par Fabien Gay, rapporteur de la commission qui a « trouvé opportun, en première page, de dire que le luxe, sabrait l’emploi, alors que c’est précisément le contraire ». « Pourquoi votre journal, a titré quelque chose de faux? »
Bernard Arnault s’est agacé d’un titre affirmant que « le luxe sabre l’emploi », à la suite d’une réduction de 1 200 postes dans la branche Champagne et Cognac du groupe, annoncée par son fils Alexandre Arnault. Bien que la direction assure qu’il n’y aura pas de licenciements secs, la mesure représente une baisse de plus de 10 % des effectifs, précise L’Humanité. Arnault y a vu une manipulation car cette une a été publié le jour de son audition au Sénat, mettant en cause une coïncidence troublante, mais selon la rédaction, le calendrier éditorial suivait celui des syndicats mobilisés sur le dossier social, sans lien direct avec l’audition sénatoriale.
Interrogé par le rapporteur communiste Fabien Gay sur les « Paradise Papers », révélés par des journaux comme Le Monde, qui selon le Gay ne peut être accusé d’être « marxiste », Arnault a également critiqué ce média qui roulerait selon lui pour LFI affirmant que « ce qu’il y a de mieux dans Le Monde, ce sont les mots croisés ».
