New York : Le 12 mai 2025, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a dévoilé les grandes lignes de l’initiative « ONU80 », un plan de restructuration de grande ampleur, lancé à l’approche du 80e anniversaire de l’organisation, ayant pour objectif de faire face à ce qu’elle considère comme une crise financière sans précédent. Celle-ci serait provoquée par les retards de paiement de certains États membres (États-Unis et Chine en tête) et par les coupes budgétaires de l’Usaid depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, même si les agences onusiennes ne cessent de faire des appels de fonds.
Parmi les mesures envisagées figure une réduction de 20 % des effectifs, soit environ 30 000 postes supprimés ou déplacés. Mais l’ONU cible également ses frais de fonctionnement, notamment en repensant la localisation de ses personnels. New York et Genève, villes historiquement centrales pour l’organisation, sont aujourd’hui jugées trop coûteuses.
Pourquoi l’Afrique attire l’ONU
En réponse à cet appel d’air, plusieurs pays africains ont officiellement candidaté pour accueillir des agences ou services onusiens. Le Rwanda a rapidement réagi, proposant Kigali comme ville hôte d’un futur campus onusien, mettant en avant sa sécurité, sa stabilité et sa connectivité aérienne.
Le Kenya, déjà hub stratégique avec 86 entités onusiennes à Nairobi, voit son rôle renforcé. L’UNICEF, ONU Femmes et le FNUAP prévoient d’y transférer plusieurs de leurs équipes. Même le Centre du commerce international (CCI) envisage d’y délocaliser 50 % de ses activités.
Le Sénégal n’est pas en reste. Une Maison des Nations unies flambant neuve attend toujours son activation à Diamniadio, en périphérie de Dakar. Prévue pour accueillir 2 000 employés, cette infrastructure pourrait jouer un rôle central dans la réorganisation.
Un enjeu stratégique et économique pour les États hôtes
Si l’accueil d’agences de l’ONU est avant tout un levier de soft power, il représente aussi un atout économique majeur. À titre d’exemple, la présence d’organisations internationales en Île-de-France génère 4,8 milliards d’euros de retombées par an.
Des pays comme l’Autriche, le Danemark, les Philippines ou le Qatar ont également exprimé leur intérêt. Mais les capitales africaines partent avec un avantage compétitif : des coûts d’hébergement plus faibles. À Kigali, par exemple, l’« indemnité d’ajustement de poste » pour les employés de l’ONU n’est que de 29,7, contre 75,5 à New York et 81,4 à Genève.
Vers une ONU décentralisée ?
António Guterres voit d’un bon oeil le renforcement de la présence onusienne sur le terrain, là où les besoins sont les plus urgents. Cette relocalisation géographique pourrait marquer un tournant historique dans la gouvernance de l’ONU, en rapprochant ses équipes des réalités du terrain, tout en optimisant ses ressources.
Source : Jeune Afrique.