Un nouveau drame s’est produit dans la Manche. Une embarcation transportant des migrants souhaitant rejoindre le Royaume-Uni a chaviré au large de Boulogne-sur-Mer, entraînant la mort d’un homme et nécessitant une vaste opération de sauvetage. Cette tragédie s’inscrit dans une série noire depuis le début de l’année 2025.
Lundi 19 mai, peu après minuit, les autorités maritimes françaises ont été alertées de la détresse d’un bateau surchargé près des côtes du Pas-de-Calais. À son bord, 62 personnes tentaient de traverser la Manche dans des conditions précaires. Le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Gris-Nez, en coordination avec la Préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, a immédiatement mobilisé d’importants moyens de secours. Malgré leur intervention rapide, un homme a été retrouvé en arrêt cardio-respiratoire. Les secours n’ont pas pu le ranimer.
Un trafic toujours plus dangereux
Depuis plusieurs années, le nombre de traversées clandestines de la Manche connaît une hausse marquée, alimentée par les réseaux de passeurs et le durcissement des politiques migratoires en Europe. Ces traversées s’effectuent à bord d’embarcations de fortune souvent fabriquées à la hâte, surchargées et dépourvues d’équipements de sécurité. Depuis janvier 2025, au moins douze migrants ont perdu la vie en mer en tentant de rallier les côtes britanniques dans ces conditions.
Selon les autorités françaises, les naufragés secourus lundi ont été pris en charge par le patrouilleur Cormorant de la Marine nationale, la vedette de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM) de Boulogne-sur-Mer et un hélicoptère Caïman de la Marine. Ils ont ensuite été ramenés à terre pour y recevoir les soins nécessaires. La majorité d’entre eux se trouvait en hypothermie mais a pu être soignée rapidement. Ce nouveau naufrage intervient seulement quelques semaines après un incident similaire ayant causé la mort de cinq migrants en avril dernier.
Des chiffres en hausse constante
D’après les services de l’État, la pression migratoire dans la Manche ne faiblit pas. En 2023, plus de 37 000 personnes ont tenté la traversée. Le phénomène persiste malgré les efforts conjoints des autorités françaises et britanniques pour démanteler les réseaux de passeurs et renforcer la surveillance des côtes. En janvier, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin avait annoncé un nouveau plan de coopération avec Londres afin de lutter plus efficacement contre ces traversées illégales, qualifiées de *« mortelles et inacceptables »*.
Pour les associations humanitaires, ces naufrages tragiques sont le résultat d’un manque d’alternatives légales et sûres pour les demandeurs d’asile. Sur le terrain, plusieurs ONG actives dans les Hauts-de-France tirent régulièrement la sonnette d’alarme. Elles dénoncent les conditions de vie des exilés, souvent bloqués dans des campements de fortune, exposés à l’insécurité, au froid, et à l’attente interminable d’une opportunité de passage.
Ce dernier drame en date rappelle avec violence les risques considérables auxquels s’exposent les migrants poussés par le désespoir. À la frontière franco-britannique, les eaux de la Manche restent l’un des passages les plus périlleux d’Europe, et symbolisent l’impasse migratoire dans laquelle se trouvent des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants chaque année.
