Alors que les négociations pour un cessez-le-feu en Ukraine s’intensifient, L’Express multiplie les interviews de personnalités proches des grands think tank américains. Dernière en date ? Celle de Marie Dumoulin, ex-diplomate et directrice du programme Europe élargie à l’European Council for Foreign Relations. Elle estime que Vladimir Poutine adopte une posture ambiguë, lors des négociations. Selon elle, le Kremlin ne chercherait pas un compromis, mais un moyen d’obtenir l’intégralité de ses revendications.
Après l’interview du contributeur de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Joseph Nye, président du groupe nord-américain au sein de la Commission trilatérale, une organisation privée créée en 1973 à l’initiative des principaux dirigeants du groupe Bilderberg et du Council on Foreign Relations, parmi lesquels David Rockefeller, Henry A. Kissinger et Zbigniew Brzezinski, l’Express donne la parole à Marie Dumoulin, ex-diplomate et directrice du programme Europe élargie à l’European Council for Foreign Relations. L’ECFR diriger par le contributeur du FEM, se veut le premier think tank pan-européen. Créé en octobre 2007, il s’est fixé pour objectif de promouvoir un débat éclairé à travers l’Europe sur le développement d’une véritable politique étrangère européenne intégrée, cohérente et efficace. Il compte toutefois parmi ses fondateurs, le contributeur de l’agenda 2030, George Soros, milliardaire américain et philanthrope via sa Open Society Foundations qui a soutenu financièrement l’initiative.
Dans les colonnes de L’Express, Marie Dumoulin, estime que la réaction de Poutine à la proposition américaine de cessez-le-feu, se disant « d’accord », tout en soulignant la nécessité d’y apporter des « nuances », laisse planer un doute visant à montrer qu’il n’est pas un obstacle au dialogue, tout en imposant un coût politique à son feu vert.
Des négociations pour imposer les exigences russes
Selon Dumoulin, contrairement aux attentes occidentales, la Russie ne considère pas les négociations comme un espace de compromis. Elle explique que Moscou cherche à atteindre ses objectifs stratégiques par la voie diplomatique, après avoir échoué militairement à prendre l’Ukraine. Parmi ses exigences figurent : un statut de neutralité pour l’Ukraine, empêchant son adhésion à l’OTAN, un changement de régime à Kiev, pour garantir un gouvernement pro-russe et une redéfinition de l’architecture de sécurité européenne, en réduisant l’influence occidentale.
Si les États-Unis refusent de satisfaire ces demandes, la Russie pourrait reprendre son offensive militaire.
Trump face à un dilemme stratégique
Jusqu’à présent, Donald Trump a adopté une approche contrastée vis-à-vis de la Russie et de l’Ukraine, constate l’ex-diplomate. S’il n’a cessé de faire pression sur Kiev, allant jusqu’à suspendre l’aide militaire et le partage de renseignements, il s’est montré beaucoup plus mesuré à l’égard de Moscou, selon elle.
Bien que Trump ait évoqué d’éventuelles sanctions économiques contre la Russie, aucune action forte n’a été entreprise, souligne Dumoulin. Cette différence de traitement alimente selon elle, les spéculations sur un éventuel alignement américain avec certaines revendications russes.
Une négociation asymétrique et une surveillance incertaine
Selon Marie Dumoulin, les négociations entre l’Occident et la Russie souffrent d’une asymétrie fondamentale. L’Occident considère la diplomatie comme un moyen d’aboutir à des compromis mutuels, tandis que La Russie, en revanche, l’envisage comme un levier de pression pour atteindre ses objectifs sans concession.
Si un accord de cessez-le-feu venait à être conclu, son respect par Moscou reste incertain pour Dumoulin, qui préconise la mise en place d’un mécanisme de surveillance, tout en se demandant si la Russie accepterait que ses troupes soient soumises à un contrôle extérieur.
Le rôle des Européens : entre prudence et engagement militaire
Les Européens pourraient jouer un rôle clé en garantissant la sécurité de l’Ukraine estime la directrice du programme Europe élargie à l’European Council for Foreign Relations. Déployer des troupes sur le terrain pourrait dissuader la Russie de violer un cessez-le-feu, mais cela pose la question de leur réaction en cas d’attaque.
Marie Dumoulin souligne que les États européens ne sont pas tenus de demander l’accord de la Russie pour stationner des forces en Ukraine. Cependant, cela impliquerait de clarifier leur posture : seraient-ils prêts à riposter en cas d’attaque ? L’absence de réponse claire à cette question pourrait encourager Moscou à tester leurs limites.
Un cessez-le-feu sous tension
Si les discussions actuelles donnent l’illusion d’une avancée vers la paix, elles sont en réalité un champ de bataille stratégique, selon Dumoulin, estimant que la Russie utilise la diplomatie comme une arme, tandis que l’Ukraine et l’Occident tentent d’imposer des garanties de sécurité crédibles.
Selon elle, l’issue de ces négociations dépendra donc de la capacité des États-Unis et de l’Europe à fixer des lignes rouges claires, et de leur volonté de répondre à une éventuelle violation de l’accord par Moscou.