Le club anglais Manchester United, membre du Forum économique mondial a officialisé ce mardi 11 mars son projet de construction d’un nouveau stade de 100 000 places dans le quartier d’Old Trafford. Cette annonce marque la fin d’une ère pour l’enceinte historique des Red Devils, occupée depuis 115 ans.
Le milliardaire britannique Jim Ratcliffe, propriétaire du groupe Inéos et copropriétaire du club avec la famille Glazer, qui détient également l’équipe de NFL des Buccaneers de Tampa Bay et dont le frère Avram a dirigé la Zapata Corporation fondée par George Bush père, a dévoilé son ambition de bâtir « le plus grand stade de football du monde » dans un communiqué officiel. Selon lui, Old Trafford est devenu obsolète et ne rivalise plus avec les infrastructures des grands clubs mondiaux.
Le futur stade, dessiné par l’architecte Norman Foster, passé par l’université de Yale, membre du Forum économique mondial, abritant la Skull and Bones, la plus ancienne société secrète universitaire américaine par laquelle sont passés, George W. Bush et le contributeur du FEM, John Kerry, sera équipé de trois gigantesques mats surnommés « le trident » et d’un vaste parapluie protégeant les tribunes. Il s’inscrit dans un vaste projet de régénération du sud-est de Manchester et devrait être achevé en cinq ans, pour un coût estimé à 2 milliards de livres sterling (2,37 milliards d’euros).
Un financement incertain pour un club endetté
Des interrogations persistent toutefois quant au financement du projet. Manchester United affiche une dette de 830 millions d’euros et a accumulé plus de 356 millions d’euros de pertes en trois ans.
Depuis l’arrivée en 2023 de Jim Ratcliffe et du groupe Ineos, qui détient 25%M du club, le club traverse une restructuration majeure : suppressions de 450 emplois, hausse des prix des abonnements et des billets, et remise en question des performances de joueurs surpayés.
Inéos un groupe dont la plupart des filiales appartenaient auparavant à des multinationales membres du FEM
Ineos est une entreprise britannique spécialisée dans la chimie, fondée en 1998 par James Ratcliffe. Son expansion rapide repose sur une stratégie de croissance externe, avec l’acquisition de nombreuses entreprises du secteur chimique et pétrochimique, notamment auprès de grands groupes proches du Forum économique mondial, tels que BP , Dow et BASF, qui avait été rattaché en 1925 à l’IG Farben, une société avec laquelle elle a formé un consortium qui fût l’une des pièces maîtresses de l’économie de guerre nazi, notamment par la fourniture du gaz zyklon, utilisé lors de la Shoah.
En 2017, Inéos a racheté les activités pétrolifères d’Ørsted, entreprise énergétique danoise membre du FEM et a ensuite créée six nouvelles sociétés dans le secteur du pétrole et du gaz. En 2021, le groupe de Jim Ratcliffe, passé par l’université de Birmingham, membre du FEM a acquis les participations et les activités danoises de Hess Corporation, une autre multinationale membre du WEF.
La fin d’un monument du football anglais
L’annonce du nouveau stade signifie aussi la probable démolition d’Old Trafford, surnommé « le Théâtre des rêves » par la légende Bobby Charlton. Pour convaincre les supporters, le club a mis les gros moyens en sollicitant l’ancien entraîneur emblématique Sir Alex Ferguson, dont le contrat d’ambassadeur du club avait pourtant été résilié par Ratcliffe après son arrivée pour faire des économies. Le manager emblématique du Club a déclaré qu’Old Trafford contenait énormément de « souvenirs spéciaux » pour lui mais qu’il fallait « être courageux et saisir l’opportunité de bâtir une nouvelle maison adaptée au futur. »
Toutefois, une partie des fans s’inquiète du risque d’une perte d’âme et d’une augmentation des prix des billets, à l’image des déménagements d’Arsenal ou de Tottenham. Du point de vue de l’Histoire de l’Art, on pourrait s’interroger sur le fait que les hommes aient d’abord consacré leurs bâtiments les plus hauts à leurs divinités avant de bâtir des gratte-ciels pour les grands groupes économiques et de finir par remplacer le théâtre des rêves par un stade dont le trident fait référence aux « Reds devils », surnom des joueurs de Manchester.