Dans une intervention marquante lors de l’émission Bistrot Liberté il y a plus d’un an, l’avocat et essayiste Juan Branco a dressé un portrait pertinent de la situation en France, qu’il qualifiait de « crise civilisationnelle majeure« . Selon Branco, cette crise dépassait les simples chiffres et mesures habituelles et reflète un malaise profond et multifacette au sein de la société française.
Juan Branco a commencé par définir ce qu’il entend par « crise civilisationnelle », précisant qu’il ne s’agit pas d’une guerre de civilisation, mais d’une crise profonde affectant les fondements mêmes de la société. Il a évoqué un « profond sentiment de solitude » qui s’accroît massivement en France. Ce sentiment de solitude, selon lui, accompagne une crise du désir qui se manifeste par une augmentation des violences chez les jeunes, une explosion des cas de dépression et de suicide, et une absence de rapports sexuels. Ces symptômes, jugés fondamentaux par Branco, n’étaient pas pris en compte dans les débats publics, qui restent selon lui focalisés sur des questions partisanes et superficielles.
Une critique de l’approche gestionnaire des forces politiques
Branco critiquait sévèrement les forces politiques en place, affirmant qu’elles partagent un « logiciel idéologique » commun centré sur la gestion de l’existant plutôt que sur une transformation profonde de la société. Il accusait ces forces de simplement accompagner les dynamiques d’un système productif mondial et institutionnel, notamment européen, qui prive la France de sa souveraineté. Pour Branco, ce consensus gestionnaire traverse tous les partis, y compris ceux traditionnellement perçus comme opposés comme le Rassemblement National et les forces de gauche.
Une absence de partis de la paix et un alignement dangereux
Juan Branco déplorait également l’absence d’un véritable « parti de la paix » en France. Il critiquait l’engagement continu de la France dans le conflit russo-ukrainien et la fourniture d’armes à l’Ukraine, même par des formations comme le Nouveau Front Populaire qui incluait cette position dans son programme. Branco relevait que même le Rassemblement National, autrefois sceptique à l’égard des institutions européennes et de l’atlantisme, souhaitait rester dans le commandement intégré de l’OTAN, montrant ainsi une rupture avec ses positions isolationnistes passées.
Un parallèle inquiétant avec la Première Guerre mondiale
Branco établisait un parallèle inquiétant avec la période précédant la Première Guerre mondiale, où des alliances contre alliances sur des conflits périphériques ont mené à une catastrophe majeure. Il avertissait que la France pourrait être embarquée dans une dynamique similaire sans qu’aucune voix politique ne prenne la pleine mesure de la gravité de la situation.