La visite historique du président russe Vladimir Poutine en Corée du Nord le 19 juin dernier a marqué la scène internationale. Les implications géopolitiques et stratégiques de cette rencontre au sommet entre les dirigeants des deux pays, Vladimir Poutine et Kim Jong-un, ont inquiété de nombreux observateurs occidentaux.
Poutine s’est rendu en Corée du Nord dans un contexte de tensions internationales croissantes, en particulier entre la Russie et les pays occidentaux. L’Occident a imposé des sanctions économiques et politiques à la Russie en réponse à ses actions en Ukraine, ce qui a conduit Moscou à renforcer ses relations avec d’autres puissances mondiales, y compris celles qui étaient historiquement isolées, comme la Corée du Nord. De plus la question de l’envoi de troupes aux sols en Ukraine a entrainé en représailles de nouvelles menaces nucléaires de la part de Poutine.
Cette visite avait pour but principal de renforcer les relations diplomatiques et économiques entre la Russie et la Corée du Nord. Les débats ont abordé divers sujets, tels que la coopération militaire, l’échange de ressources naturelles, ainsi que des projets d’infrastructures communes.
Échanges économiques, militaires et projets d’infrastructures
La signature d’accords de coopération militaire a été l’un des aspects les plus significatifs de cette visite. Les deux chefs d’État ont décidé de renforcer leur coopération en matière de Défense, avec des exercices militaires communs et un partage plus étroit de des informations. L’objectif de cette collaboration est de renforcer la capacité de dissuasion de la Corée du Nord face à la pression des États-Unis et de leurs alliés en Asie. Poutine a proposé des fusées spatiales russes pour aider la Corée du Nord à lancer ses propres satellites, comme en témoigne le tweet ci-dessous.
En ce qui concerne l’économie, Poutine et Kim Jong-un ont abordé différents projets visant à favoriser les échanges commerciaux entre leurs pays. En échange de minéraux rares et de produits manufacturés nord-coréens, la Russie s’est engagée à fournir à la Corée du Nord des ressources énergétiques, comme le pétrole et le gaz.
Il a également été annoncé un projet ambitieux de modernisation des infrastructures nord-coréennes, avec l’aide technique et financière russe. L’objectif de ce projet est de moderniser les infrastructures ferroviaires et portuaires, ce qui facilitera le commerce bilatéral et permettra à la Corée du Nord d’accéder aux marchés internationaux.
Avec ce voyage Poutine a voulu montrer aux pays occidentaux qu’ils ont affaire à l’ensemble du continent eurasien et que certains pays peuvent adopter une position pro-russe.
Implications Géopolitiques
La visite de Poutine en Corée du Nord présente des conséquences géopolitiques importantes. Elle met en évidence le désir de la Russie de lutter contre l’influence occidentale en Asie du Sud-Est et de soutenir des régimes considérés comme hostiles à l’ordre mondial mené par les États-Unis. Elle met également en évidence la stratégie de survie de la Corée du Nord, qui cherche à élargir ses alliances afin de soulager la pression des sanctions globales.
La Russie souhaite aussi diminuer sa dépendance envers la Chine qui lui apporte une aide économique considérable, mais qui reste méfiante envers Vladimir Poutine, car le pays de Xi Jinping a une réputation et un statut à préserver auprès de la communauté internationale.
Le président russe s’était récemment rendu en Chine, mais il avait été précédé par Anthony Blinken, Chef de la Diplomatie américaine et Young Leader de la Fondation France-Amérique, fondée par les présidents Gérard Ford et VGE, membres du groupe Bilderberg. Celui-ci n’avait pas manqué de rappeler aux contributeurs de l’agenda 2030 du Forum économique mondial, Xi Jinping et son homologue chinois, Wang Yi, les risques que prendrait la Chine en livrant des armes à la Russie et l’inquiétude des Etats-unis suscitée par le rapprochement entre Pékin et Moscou.
Réactions Internationales
Kim Jong-un s’était déjà rendu en Russie le 12 septembre 2023, marquant ainsi sa première sortie du pays depuis le début de la pandémie de Covid-19 en 2020. Sa rencontre avec le président russe Vladimir Poutine en marge du Forum de Valdaï, avait été précédée par une déclaration du porte-parole du Département d’État des États-Unis et contributeur du Forum économique mondial, Matthew Miller, affirmant que son pays suivrait attentivement la rencontre, en soulignant la volonté américaine d’imposer des sanctions en cas de violation des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies par un transfert d’armes nord-coréen à la Russie.
Suite au Voyage de Poutine en Corée, les réactions à l’échelle mondiale ont été diverses. Le renforcement des relations entre la Russie et la Corée du Nord a suscité des préoccupations chez les États-Unis et leurs alliés, qui y voient une menace potentielle pour la stabilité régionale.
Le politologue américain Gilbert Doctorow a déclaré sur la chaine YouTube Judging Freedom que la visite du président russe Vladimir Poutine en Corée du Nord a radicalement changé la situation géopolitique dans le monde. Selon lui, elle a rendu impossible pour les États-Unis et l’administration Biden la mise en œuvre de leur plan de « sortie facile » de la crise en Ukraine. Il estime que les États-Unis qui pensaient avoir accaparé la Russie pour les années à venir afin que l’Occident puisse continuer à poursuivre un scénario visant à maintenir sa domination mondiale et à dompter la Chine, mais que cette réunion renverse la table. En outre, le dirigeant russe a rappelé aux pays occidentaux qu’ils ont affaire à l’ensemble du continent eurasien et que certains pays peuvent adopter une position pro-russe.
Cette visite qui pourrait contrarier Xi Jin Ping a été suivi avec intérêt par la Chine, et d’autres pays en développement, qui ont pris en compte les possibilités de réadaptation des alliances mondiales. Avec cette visite, la Russie signale son influence dans le Pacifique. À l’issue de ce sommet, Vladimir Poutine a invité son homologue nord-coréen à revenir prochainement en Russie.
