Lors de l’ouverture du cinquième sommet de Christchurch consacré à la lutte contre les contenus terroristes et extrémistes violents sur les réseaux sociaux qui s’est déroulé à Paris vendredi, le président français et contributeur de l’Agenda 2030 du Forum économique mondial, Emmanuel Macron a critiqué l’attitude de X, Google et Meta, qui n’avaient pas fait le déplacement pour parler modération, contrairement aux autres géants de la Tech. Une estocade qui symbolise l’obsession du président pour la régulation des réseaux sociaux. Explications.
L’Appel de Christchurch, une initiative visant à combattre l’utilisation d’Internet comme outil de propagande terroriste, a été formalisé par des gouvernements et des entreprises le 15 mai 2019 à Paris, deux mois après les attaques de Christchurch, une série d’attaques terroristes racistes et d ‘extrême droites qui avait été commise le 15 mars 2019 par Brenton Tarrant contre deux mosquées de la ville de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, faisant 51 morts et 49 blessés.
L’Appel de Christchurch, un engagement initié par Emmanuel Macron et Jacinda Arden
Cet engagement a été initié par Emmanuel Macron et l’ancienne première ministre de Nouvelle-Zélande et Young Global Leader du Forum économique mondial, Jacinda Ardern.
Avant de promouvoir l’Appel de Christchurch, Jacinda Ardern s’était déjà engagée dans la lutte contre les contenus haineux en ligne. En 2018, elle avait approuvé l’annulation de conférences universitaires qui devaient être tenues par deux youtubeurs canadiens d’extrême droite. Face à leurs accusations de restreindre la liberté d’expression, Ardern avait fermement répondu qu’elle était plutôt opposée à leurs idées.
Cette situation a déclenché un débat en Nouvelle-Zélande sur les frontières de la liberté d’expression. Dans ce contexte, Jacinda Ardern a exprimé son désir de promouvoir un Internet qui soit à la fois “libre, ouvert et sécurisé.”
Celle-ci a d’ailleurs été nommée envoye spéciale pour l’appel de Christchurch au moi d’avril dernier par l’actuel Premier ministre de la Nouvelle-Zélande, Chris Hipkins, qui est également membre du Forum économique mondiales selon La Chronique Agora.
L’appel de Christchurch a été signé par Amazon, Dailymotion, Facebook, Google, Microsoft, Qwant, Youtube et X (anciennement Twitter).
Les problèmes rencontrés par Elon Musk depuis qu’il a décidé de faire de X le royaume du Free speech
Alors que X a décidé de se retirer du code de bonne conduite de l’Union européen de lutte contre la désinformation en ligne et qu’Elon Musk subi d’énormes pressions de la part des Nations unies, de la Macronie, à commencer par le commissaire européenne Thierry Breton et son DSA (le texte qui régules les platfeormes sur le territoire européen) et les annonceurs, depuis qu’il a décidé de faire de son réseau social le royaume du free speech, le milliardaire américain a récemment déclaré qu’il se conformerait tout de même aux règles de l’appel de Christchurch.
Toutefois le réseau social d’Elon Musk, tout comme Méta (Facebook, Instagram) et Google (Instagram) ont séché le rendez-vous proposé vendredi par Emmanuel Macron. Amazon, Dailymotion, Microsoft, OpenAI ou encore Qwant étaient quant à eux bien présents.
Les réprimandes du président
« Le fait qu’aucun ’top manager’ n’ait été disponible ni à New York en septembre, ni ici à Paris, ça veut dire qu’ils ne veulent plus jouer », a réagit Emmanuel Macron.
« Quand on me dit qu’il y a 52 modérateurs pour X en langue française, j’ai du mal à considérer que le contenu est modéré », alors qu’il y a « 330 millions de locuteurs en langue française » dans le monde, a-t-il ajouté avant d’ironiser : « ces 52 personnes sont des génies ou ont beaucoup de travail ».
« À la seconde où les gens ne sont plus sérieux, on devient moins coopératif », a menacé le président.
« Quand des entreprises qui s’étaient engagées, nous avaient dit des choses formidables, s’organisent pour ne pas être là et ne font pas ce qu’elles ont dit, la confiance se réduit, surtout quand d’autres continuent de faire le boulot », a-t-il martelé.
« TikTok n’est pas là autour de la table parce qu’on doit clarifier des statuts, mais ils en ont déjà 687 (modérateurs). Je le dis pour créer de la compétition, de la bonne compétition », a arbitré Emmanuel Macron.
Ce matin, le commissaire européen se vantait de travailler à faire appliquer le « DSA 24 heures sur 24… et dans le monde entier ! « . « Après avoir rencontré AliExpress hier à Pékin, je suis maintenant à Singapour — QG de TikTok — pour une discussion importante avec le Ministre du Numérique sur le DSA. Comptez sur moi pour faire respecter efficacement notre règlement. »
Thierry Breton, le bras armé de l’Union européenne brandit son DSA
On croit le commissaire européen sur parole et ancien PDG du géant de la Cybersécuité Atos, sur parole, puisque c’est lui -avec l’ancien secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O- qui a pesé de tout son poids durant la PFUE pour que le DSA soit adopté en un temps record.
Dès le mois de mai 2022, après le rachat de Twitter par Musk, il s’était rendu aux Etats-unis pour s’assurer que le milliardaire respecterait bien les règles du DSA qui n’ a été mis en application qu’au mois d’aout dernier.
Lors de la réunion annuel des ambassadeurs qui a eu lieu au mois d’aout, Emmanuel Macron a indiqué qu’il souhaitait s’inspirer de l’Appel de Christchurch pour les Etats généraux de la presse.