Nicolas Sarkozy rejugé en appel dans l’affaire Bygmalion

L’affaire Bygmalion, qui a secoué le paysage politique français il y a plus d’une décennie, retrouve son chemin devant la justice ce mercredi, avec l’ouverture du procès en appel impliquant l’ancien président et contributeur de l’Agenda 2030 du Forum économique mondial, Nicolas Sarkozy. La cour d’appel de Paris examine les allégations de financement illégal de la campagne présidentielle de 2012.

Nicolas Sarkozy, condamné en septembre 2021 à une peine d’un an de prison ferme pour avoir excédé le plafond des dépenses électorales autorisées, a immédiatement fait appel, qualifiant la sentence d' »injuste ». Il n’est pas directement accusé dans l’affaire des fausses factures de la société Bygmalion, mais plutôt pour la négligence dans la surveillance des dépenses de sa campagne, qui ont atteint près de 43 millions d’euros, dépassant le plafond légal de 22,5 millions d’euros.

L’ancien président, attendu à l’audience, est cité à comparaitre aux côtés de douze d’autres prévenus, tous liés aux dépenses de sa campagne ou à la société Bygmalion elle-même. Ces individus seront eux rejugés pour complicité présumée de « financement illégal de campagne », faux, escroquerie, abus de confiance ou complicité de ces infractions. En première instance, la cour a déterminé que les accusés étaient impliqués, à différents niveaux, dans l’élaboration d’un système de facturation frauduleuse. Alors que dix ont contesté leur condamnation pénale en appel, deux ont spécifiquement réfuté le montant des dommages-intérêts qui leur ont été imposés. Une treizième personne, l’ex-député UMP et président de l’Association de financement pour cette campagne, Philippe Briand, a également été condamnée, mais a décidé de ne pas faire appel.

Nicolas Sarkozy a réfuté toutes les accusations, affirmant que, bien que des facturations et des contrats fictifs aient existé, ces fonds n’avaient pas alimenté sa campagne. Il a pointé du doigt la société Bygmalion, liée à Jean-François Copé, son adversaire politique, pour s’être indûment enrichie.

De plus, sa défense avait plaidé que puisque le Conseil constitutionnel avait déjà invalidé ses comptes de campagne en 2013 pour dépassement du plafond des dépenses, il ne pouvait pas être jugé une seconde fois pour la même infraction. Un argument qui avait été rejeté en première instance, mais qui pourrait être de nouveau soutenu en appel.

Comme lors du premier procès, Guillaume Lambert, qui était le directeur de la campagne, va solliciter de nouvelles enquêtes pour clarifier l’implication de Jean-François Copé, l’ex-dirigeant de l’UMP qui avait été exonéré dans l’affaire, selon les dires de son son avocat, Rémi Lorrain, rapportés par l’Agence France-Presse.

En première instance, le  tribunal a mis en lumière les montants considérables dans cette affaire, soulignant que les actes avaient été perpétrés par des « experts aguerris », justifiant ainsi des condamnations pouvant aller jusqu’à dix-huit mois d’emprisonnement.

La cour avait jugé que Nicolas Sarkozy avait continué à planifier des rassemblements électoraux quotidiens en dépit des avertissements écrits reçus concernant le risque, puis la réalité, du dépassement des limites de dépenses autorisées. Pour la durée de ce nouveau procès, qui s’étendra jusqu’au 8 décembre, il sera défendu par Vincent Desry et par Thierry Herzog, son avocat historique, qui est au coeur d’une des affaires à l’origine du procès du Garde des Sceaux, Eric-Dupond-Morretti.

Par ailleurs, l’ancien président qui comparaîtra en 2025 concernant les soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, vient d’être mis en examen, début octobre, dans le volet de cette affaire lié à la rétractation de l’intermédiaire Ziad Takieddine, mais le contributeur de l’Agenda 2030 du forum économique mondial est prêt à se battre comme le révèle le titre de son dernier livre, Le temps de combats, qui fait autant référence au contexte international, qu’à ses démêlées judiciaires.

Les répercussions politiques du scandale Bygmalion ont été nombreuses, conduisant à une restructuration du parti alors appelé UMP, aujourd’hui Les Républicains.

De plus, les militants UMP avaient été mis à contribution après l’invalidation des comptes de la campagne présidentielle dans le cadre du Sarkothon qui avait permis de lever 11 millions d’euros.

Par Grégory Fiori

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