Mort de Jean-Pierre Elkabbach : Une vie entre audace journalistique et controverses politiques

Jean-Pierre Elkabbach, figure emblématique du journalisme français, s’est éteint le 3 octobre 2023 à l’âge de 86 ans. Son parcours dans le monde de la radio et de la télévision, marqué par ses entretiens souvent percutants avec des figures politiques majeures, a également été entaché par des scandales. On lui a également reproché sa promiscuité avec des hommes politiques. 

Né à Oran en 1937, Elkabbach s’est rapidement imposé comme un journaliste de renom, grimpant les échelons du milieu audiovisuel avec passion et détermination. Sa collaboration avec Alain Duhamel dans les années 1970 l’a propulsé sur le devant de la scène, notamment grâce à leurs débats intenses avec Georges Marchais, le secrétaire général du Parti communiste français de l’époque.

Journaliste réputé pour ses interviews, il a endossé le rôle de rédacteur en chef à France Inter, directeur de l’information d’Antenne 2, d’Europe 1 ou de PDG de France Télévisions. Il s’est notamment distingué en réalisant un documentaire sur François Mitterrand ou en tant que présentateur de l’émission « Bibliothèque Médicis ».

Mais Elkabbach a également connu des controverses. Sa proximité avec certains politiciens comme Valérie Giscard d’Estaing ou Nicolas Sarkozy a souvent été critiquée, tout comme sa gestion des médias. En 1979, alors qu’il était directeur de l’information d’Antenne 2, Elkabbach a limogé Claude Sérillon, parce qu’il avait évoqué « l’affaire des diamants », un scandale politique révélé par « Le Canard enchaîné » impliquant Valéry Giscard d’Estaing, ancien président français, et Jean-Bedel Bokassa, ancien président puis empereur de Centrafrique. Mardi soir, Jack Lang a également confié à France Info avoir subi les foudres du journalistes après qu’il ait évoqué ce scandale lors d’une interview.

Durant la campagne présidentielle de 2007, JPE a été accusé de partialité, conduisant la candidate du Parti socialiste, Ségolène Royal, à éviter certains entretiens sur Europe 1. Sarkozy a également affirmé avoir été consulté par Elkababbach, pour des conseils concernant le recrutement d’un journaliste politique lorsqu’il était ministre de l’intérieur. Ces controverses, combinées à la diffusion d’une fausse information concernant la mort de Pascal Sevran, ont conduit à l’éviction de JPE de la direction d’Europe 1.

En 1993, Elkabbach est nommé PDG de la toute nouvelle entité France Télévisions. Cependant, en 1996, il est poussé à la démission suite à un scandale lié aux contrats entre France 2 et certains animateurs-producteurs. Un rapport du député Alain Griotteray pointe ces contrats, suggérant que la redevance télévisée a permis de verser des rémunérations exceptionnellement élevées à quelques vedettes de la chaine. Cette situation a également été critiquée par la Cour des comptes. Toutefois, en 2001, après étude du dossier par la cour de discipline budgétaire et financière de la Cour des comptes, il est décidé qu’il n’y a pas lieu de poursuivre judiciairement.

Elakabach se targuait d’être le journaliste qui avait connu le plus de limogeage, mais il a toujours réussi à rebondir, profitant de ses bonnes relations avec les magnats des médias comme Jean-Luc Lagardère ou Vincent Bolloré.

Jean-Pierre Elkabbach laisse malgré tout derrière lui un héritage indélébile, ayant formé et inspiré de nombreux jeunes journalistes.

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