Le CEO de la « Foundation For Freedom Online » accuse NewsGuard d’être impliqué dans un complot avec l’Union européenne « visant à mettre en faillite les sources d’informations alternatives »

Mike Benz, PDG de la Foundation For Freedom Online, accuse NewsGuard de travailler de concert avec l’UE pour éliminer des sources d’information alternatives en leur coupant les revenus publicitaires. L’Alliance mondiale pour des médias responsables (GARM), un projet phare du Forum économique mondial pour façonner l’avenir des médias, du divertissement et de la culture, serait également de la partie. 

Par Grégory Fiori

Mike Benz, le CEO de la « Foundation For Freedom Online », dont l’objectif est de « protéger les libertés numériques et de raconter l’histoire de la censure en ligne » a interpelé Elon Musk sur X, affirmant  que le cofondateur de Wikipedia et Young Global Leader du Forum économique mondialJimmy Wales, « conseille NewsGuard, qui est profondément impliqué dans un complot visant à mettre en faillite des sources d’informations alternatives ». « NewsGuard a collaboré avec l’UE sur un nouveau code de désinformation. Son modèle économique repose sur des services de « conformité à la désinformation » associés aux lois de censure qu’il promeut. »

Qu’est-ce que NewsGuard ?

NewsGuard est une entreprise créée en 2018 aux États-Unis pour lutter contre la propagation des fake news, notamment celles diffusées lors de l’élection présidentielle américaine de 2016. Au lieu de s’appuyer uniquement sur des algorithmes pour trier et évaluer les sources, NewsGuard se repose sur des experts pour effectuer ces évaluations.

Le Code européen de bonnes pratiques contre la désinformation et son échec présumé

En octobre 2021, NewsGuard a été sollicité par la Commission européenne pour devenir signataire du « Code européen de bonnes pratiques contre la désinformation ». Ce code crée en 2018 est un engagement volontaire pris par les entreprises pour lutter contre la propagation de la désinformation en Europe.

Entre octobre 2021 et juin 2022, ce code a subi un processus de révision basé sur les orientations de la Commission, publiées en mai 2021, qui demandaient à ce que le Code de 2018 soit renforcé afin d’apporter une réponse plus ferme et plus contrôlée à la désinformation.

La commission européenne dont la présidente est la contributrice de l’Agenda 2030 du Forum économique mondial, Urulsa Von Der Leyen a insisté sur le fait que « les grandes plateformes, en particulier, se doivent de redoubler d’efforts pour donner aux utilisateurs les informations nécessaires pour qu’ils puissent juger de la fiabilité des sources d’informations qui apparaissent dans leurs flux sur les réseaux sociaux et dans leurs résultats de recherche ». Le but déclaré était de « permettre aux internautes de prendre des décisions informées quant aux informations qu’ils partagent ou auxquelles ils se fient, grâce à une mise en contexte ».

Dans un communiqué intitulé « Déclaration de NewsGuard sur l’échec du nouveau Code de bonnes pratiques de l’UE contre la désinformation à donner du pouvoir aux consommateurs », publié le 16 juin 2022, que, « seul Microsoft s’est engagé »,  en intégrant les évaluations de NewsGuard dans son navigateur Edge. « Meta (Facebook), Google, Twitter, et TikTok ont refusé, dans leur déclaration d’engagement, d’accepter de protéger leurs utilisateurs en fournissant des informations sur la fiabilité des sources, en dépit des encouragements de la Commission en ce sens », ajoutait Newsguard précisant que les plateformes arguaient qu’il s’agissait de simple recommandations.

NewsGuard considérait « Ce refus des plus grandes plateformes de renseigner les utilisateurs sur les sources d’informations qu’elles présentent et recommandent est une occasion manquée, surtout dans une période où la désinformation russe à propos de l’invasion de l’Ukraine continue de se propager au-delà de ces plateformes ». 

NewsGard soulignait toutefois les progrès réalisés en ce qui concerne le « soutien de la publicité au financement de la désinformation », précisant que « La nouvelle version du Code prend en revanche des mesures importantes pour démonétiser la désinformation ». “Le Code tient les plateformes et les autres signataires pour responsables de l’éradication du placement de publicités programmatiques sur des sites qui persistent à publier de la désinformation, grâce à des indicateurs de fiabilité comme NewsGuard. »

Une attaque au porte-monnaie 

Newsguard rappelait que « l’industrie de la mésinformation est florissante, avec près de 2,6 milliards de dollars de revenus publicitaire ». « Cela est dû à la nature programmatique, contrôlée par des algorithmes, de cette publicité, qui laisse les marques dans le flou quant aux sites sur lesquels leurs publicités sont apparues. Réduire les publicités sur les sites qui publient de la mésinformation est une étape cruciale. »

Sur X, Mike Benz a accompagné son message à Elon Musk d’un communiqué de NewsGuard du 30 juin, qui faisait le même constat, mais indiquait que l’entreprise offrait des « Services ciblés, gratuits, des audits pour aider les marques à se conformer aux nouveaux standards du GARM « .

Sur le site du GARM, on peut lire que  » l’Alliance mondiale pour des médias responsables « ,  est «  une initiative intersectorielle créée par la Fédération mondiale des annonceurs pour relever le défi du contenu préjudiciable sur les plateformes de médias numériques et de sa monétisation via la publicité « .  » Depuis novembre 2019, GARM est un projet phare de la plateforme du Forum économique mondial pour façonner l’avenir des médias, du divertissement et de la culture. « 

Une collaboration avec l’UE qui s’est intensifiée avant l’arrivée du DSA

L’entreprise rappelait que « Les plateformes ont maintenant sept mois pour soumettre une première série de rapports de performance à la Commission européenne et prouver que les nouvelles mesures auxquelles elles s’engagent dans le cadre du Code peuvent être considérées comme des efforts suffisants “d’atténuation des risques” tels qu’elles seront tenues d’en mettre en place dans le cadre du Digital Services Act, le règlement qui définit les obligations des services en ligne qui connectent les consommateurs à des biens, des services et des contenus. »

La rédactrice en chef et vice-présidente chargée des partenariats de NewsGuard pour l’Europe, Virginia Padovese, affirmait que “Ce  Code n’est que la première étape”. “Pour s’assurer qu’il ait vraiment un impact dans les faits, nous devons surveiller sa mise en œuvre pour nous assurer que les grandes entreprises de la tech appliqueront ces mesures en temps voulu et de manière efficace. Il est essentiel que les acteurs de la société civile, les fact-checkers, les vérificateurs de sources et les entreprises luttant contre la désinformation rejoignent le Code de l’UE avec leurs propres engagements, pour s’assurer qu’il soit aussi efficace que possible dans la lutte contre la désinformation, et qu’ils participent à la task force permanente chargée de surveiller le Code et d’évaluer les performances des signataires au fil du temps”.

La réponse d’Elon Musk 

Suite au tweet de Mike Benz, Elon Musk a répondu « est-ce vrai Thierry Breton? ». « Si c’est vrai les peuples européens méritent une expliquation ».Pour rappel, le commissaire européen ne cesse de sommer Elon Musk de se conformer aux règles du DSA et le ton est récemment monté entre les deux hommes. 

Mike Benz réitère ses accusations 

Ce à quoi Mike Benz a répondu « Les partisans de la censure européenne ne peuvent en aucun cas le nier « . « NewsGuard s’en est vanté. Les responsables de l’UE s’en sont vantés. Ils avaient un partenariat formel ensemble.Tout ce qu’ils peuvent faire maintenant, c’est se boucher le nez et espérer que leurs propres électeurs n’apprendront jamais ce qui se passe. « 

Le CEO de la « Foundation For Freedom Online », en a remis une couche postant par la même occasion un tweet de NewsGuard de février 2010, qui annonçait « une collaboration avec le Centre commun de recherche, le service science et connaissances de la Commission européenne, pour fournir aux services de la Communauté européenne notre surveillance des données qui suit la désinformation en ligne « . 

Dans un autre post, NewsGuard, soulignait le rôle du JRC dans la lutte contre la désinformation en ligne, grâce à son outil, le Media Analyser Toolkit (MAT), qui détecte « des pages Web susceptibles de diffuser de la désinformation », précisant que « Les données de NewsGuard aident à repérer de nouvelles sources suspectes et à suivre la diffusion de récits similaires à travers l’Europe ». « Cette collaboration avec le JRC amplifie l’impact de NewsGuard sur le continent. »

Virginia Padoverse confirmait que  » Cette nouvelle coopération renforcera nos relations avec la Commission européenne « .  » Comme un signataire potentiel du Code de bonnes pratiques révisé sur la désinformation, nous sommes ravis de fournir nos données pour aider l’Union européenne dans sa lutte contre la désinformation dans le cadre de notre mission de mettre nos outils à la disposition des chercheurs et des organisations qui peuvent avoir un impact en Europe dans ce combat. « 

Le responsable scientifique au Centre commun de recherche de la Commission européenne, Jens Linge, se félicitait« de collaborer avec NewsGuard et de recevoir des données sur la fiabilité des sources de des experts reconnus dans le domaine de la désinformation ». « Les données de NewsGuard permettront aux analystes du JRC d’accroître la portée et la qualité de leurs recherches sur la désinformation sur des sujets comme le COVID-19 ou le changement climatique ». 

Pour rappel, le média Véridik, estimait avoir été censuré par les Gafams, à commencer par le Twitter pré Elon Musk et Wikiepdia… 

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