Suite au tweet de Karim Benzema en soutien à la population à Gaza, l’anthropologue française Florence Bergeaud-Blackler, spécialiste du « frérisme », estime que le footballeur, tout comme médine a été « réislamisé par la discrète confrérie ». Celle-ci est proche de l’homme d’affaire Belge Laurent Minguet, qui a été démis de ses fonctions de consul honoraire de la Belgique au Sénégal suite à des propos « tendant à établir une hiérarchie des moyennes de QI entre les noirs, les blancs et les asiatiques ».

Florence Bergeaud-Blackler, affirme dans un tweet publié hier sur X, que Karim Benzema « déteste la France ». « Il le dit et le signifie. Il a souhaité vivre en Arabie Saoudite pour vivre l’islam intégralement. »

Selon elle, « il ne peut être dédouané de toute influence idéologique ». « Il sait que ses interventions sont scrutées par ses 20 millions de followers sur twitter. Quand il approuve sur un réseau social le message du champion russe de MMA Nurmagomedov appelant au châtiment des caricaturistes, il ne peut ignorer la responsabilité publique qu’il a auprès de ses millions d’abonnés. Il sait que son soutien aux palestiniens après un silence sur les massacres du Hamas en Israel, sur le tueur d’Arras, le terroriste de Bruxelles indique à ses fans la position qu’il faut tenir. »

Florence Berceaux-Blackler se lance ensuite dans une définition du « frérisme ». Selon elle, « Benzema est certainement touché par cette théorie de l’action humaine, comme n’importe quel musulman  européen réislamisé par la discrète confrérie qui agit depuis des décennies en pronant le devoir de da’wa ». « Ce footballeur mondialement connu, adoré et imité, intéresse les Frères qui veulent en faire un ambassadeur, comme l’est par exemple Médine. »

Qui est Florence Bergeaud-Blackler ? 

Florence Bergeaud-Blackler est une anthropologue française affiliée au CNRS et basée au laboratoire Groupe Sociétés, Religions, Laïcités de l’EPHE. Ses recherches se focalisent sur la normativité islamique dans des contextes sécularisés, les méthodes d’endoctrinement salafiste et la présence des Frères musulmans en Europe.

Elle a rédigé une thèse intitulée « L’institutionnalisation de l’Islam à Bordeaux ». Depuis 2000, elle s’implique dans des projets examinant le marché halal et l’abattage rituel, dont elle prend souvent la direction. Elle a notamment représenté la France dans le projet DIALREL entre 2006 et 2010, qui visait à encourager le dialogue autour de l’abattage rituel en impliquant diverses parties prenantes.

Rejoignant le CNRS en 2013, elle concentre ses efforts sur les normes islamiques, et en particulier sur la production alimentaire respectant les préceptes religieux dans un cadre industriel européen. Elle s’intéresse également au marché des viandes dites « rituelles » (halal et casher) et plus généralement au consumérisme en lien avec la religion. Son ambition est d’offrir une nouvelle perspective en sciences sociales sur le rapport entre politique, religieux et économie.

En 2016, son point de vue sur l’abattage privé par les musulmans est cité dans un rapport de la mission d’information sénatoriale sur l’organisation, la place et le financement de l’Islam en France et de ses lieux de culte. Auteure prolifique, elle a d’ailleurs rédigé plusieurs livres et articles sur le marché halal.

En 2019, elle obtient une habilitation à diriger des recherches à la présitigieus EHESS, l’École des hautes études en sciences sociales, qui est l’héritière de l’école des Annales fondée à la fin des années 1920 par Lucien Febvre et Marc Bloch, qui doivent se retourner dans leur tombe.

Elle est également à la tête du conseil scientifique de l’Observatoire des fondamentalismes, fondé à Bruxelles en 2020 par la militante laïque Fadila Maaroufi qui a grandi à Molenbeek et d’autres collaborateurs.

Avec cette dernière, Florence Bergeaud-Blackler, lance également avec Laurent Minguet, le « Café laïque » à Bruxelles, un lieu dont l’objectif est de fournir « un espace de libre parole, non censurée par les médias ou par des institutions diverses, où l’on rencontre des intellectuels, des acteurs médiatiques et associatifs, préoccupés par la montée de l’islamisme et par les dérives des idéologies contemporaines ». Le 15 octobre 2022, le café a été le théâtre d’un acte de vandalisme lors d’une conférence polémique sur le « transgenrisme ».

Des liens avec Laurent Minguet homme d’affaire et homme politique Belge controversé

Laurent Minguet est un homme d’affaire spécialisé dans le numérique et le développement durable passé par l’entreprise Petrofina, membre du parti belge « écolo » et de l’Académie royale de Belgique, qui a été consul honoraire de la Belgique au Sénégal avant d’être démis de ses fonctions suite à des propos « tendant à établir une hiérarchie des moyennes de QI entre les noirs, les blancs et les asiatiques ».

Le 5 septembre 2019, Laurent Minguet a en effet tweeté qu’ «en moyenne le QI des noirs est inférieur au QI des blancs inférieurs à celui des est asiatiques ». « En moyenne! Et les causes sont génétiques ET environnementales. » 

Le médecin microbiologiste Belge et ancien porte-parole interfédéral Covid, Emmanuel André, s’est indigné publiquement des théories racistes promues par un membre de l’Académie royale de Belgique, exigeant sa destitution. En réaction, l’Académie a évalué que le tweet controversé Laurent Minguet, violait une loi belge interdisant la diffusion d’idées basées sur la supériorité ou la haine raciale. L’Académie s’est donc jointe à une plainte contre Minguet déposée par UNIA pour incitation à la haine raciale. En conséquence, le gouvernement sénégalais a retiré à Minguet son titre de consul honoraire du Sénégal à Liège.

Dans un droit de réponse publié dans La Libre et Le Soir, Minguet martelait que « le constat, constant depuis des décennies, que le QI moyen varie selon les groupes ethniques n’a rien de raciste ». « Le racisme dépend de l’intention de discrimination ou de haine, absente du tweet controversé. Le constat des différences de QI est largement abordé aux USA. Si les causes environnementales (accès aux soins de santé, bonne alimentation, qualité du sommeil, etc.) font l’unanimité, il y a controverse entre les psychologues et les généticiens sur les causes génétiques. »