La crise israélo-palestinienne : Entre attaques du Hamas et durcissement de la politique de Netanyahou

Les attaques odieuses du Hamas sont intervenues  à un moment où Benyamin Netanyahou avait durci sa politique et alors que la colonisation israélienne s’était intensifiée.

Le Hamas a lancé une attaque d’envergure le 7 octobre dernier, ciblant à la fois des installations militaires et civiles en Israël. Plus de 5 000 roquettes ont été tirées, causant la mort de centaines de personnes. Les images odieuses de ces attaques ont provoqué une vague d’indignation à l’échelle internationale.

Cette escalade de violence qui semble avoir été soutenue par l’Iran, fait également suite à une intensification de la colonisation israélienne en Cisjordanie, qui place la population palestinienne dans une situation d’extrême précarité. Par exemple, en ce qui concerne l’accès à l’eau, le gouvernement israélien et les compagnies privées imposent des restrictions sévères, privant ainsi la majorité des Palestiniens en Cisjordanie d’eau courante.

L’armée israélienne, de son côté, est régulièrement accusée de commettre des exactions contre les populations civiles palestiniennes. Depuis janvier dernier, près de 250 civils palestiniens ont perdu la vie, dont plus d’une trentaine d’enfants.

Suite à l’attaque du Hamas, Médiapart a interrogé des universitaires ou des représentants d’ONG qui sont revenus sur le contexte de l’assaut du Hamas.

Mkhaimar Abusada, professeur de sciences politiques à l’université Al-Aqsa de Gaza, souligne que l’attaque-surprise du Hamas est en partie le résultat des politiques d’un « gouvernement israélien d’extrême droite fasciste ». Ce gouvernement, selon Abusada, envisage d’expulser les « Palestiniens et d’annexer plus de la moitié de la Cisjordanie ».

Rula Shadeed, une militante palestinienne engagée depuis de nombreuses années dans des organisations non gouvernementales, partage cette analyse. Elle travaille d’ailleurs actuellement, pour le Palestine Institute for Public Diplomacy, une des six ONG que le gouvernement israélien a tenté d’interdire en 2021, arguant des liens avec le terrorisme palestinien.

Shadeed considère que le soutien à l’attaque du Hamas est largement répandu parmi les Palestiniens. Pour elle, il est essentiel « de résister contre la colonisation, contre l’occupation et l’apartheid, et de nous protéger ».

Elle revient également sur « les attaques contre des civils et contre les lieux et édifices religieux comme la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem », sur les humiliations contre « les croyants en train de prier près des églises et des mosquées » ou les images récentes de juifs ultraorthodoxes crachant sur des pèlerins chrétiens dans la vieille ville de Jérusalem.

Elle exprime sa préoccupation face à la colonisation continue de la Cisjordanie, ainsi que face aux déplacements de populations en faveur des colons israéliens, estimant que ces événements rappellent la Nakba de 1948, l’exode forcé de centaines de milliers de Palestiniens lors de la création de l’État d’Israël.

Rula Shadeed critique vivement le gouvernement israélien actuel, qualifié de « fasciste », « raciste » et « suprémaciste ». Elle dénonce les violations constantes des droits humains et la politique d’apartheid dirigée vers l’expulsion des Palestiniens au profit de la population juive.

Shaedeed anticipe également une augmentation des victimes à Gaza, où les conditions humanitaires sont déjà désastreuses et cela devrait empirer avec le « siège complet » initié par Israel. Le ministre de La Défense a annoncé qu’« Aucune électricité, aucune nourriture, aucune eau, aucun carburant » ne sera autorisé, comparant les Palestiniens à des « animaux ».

À la suite des attaques du Hamas, l’armée israélienne a procédé à des frappes aériennes massives sur la bande de Gaza, causant la mort de centaines de civils et faisant de nombreux blessés dans le cadre de l’opération  « Épée de Fer ». Les forces israéliennes ont également ciblé l’hôpital indonésien et une ambulance devant l’hôpital Nasser, tuant des soignants et des patients, ce qui a été condamné par Médecins Sans Frontières. De plus, la « Tour Palestine, » un important centre de médias internationaux, a été réduite en cendres.

Dans les colonnes de Médiapart, Rula Shadeed appelle la communauté internationale à observer attentivement la situation. Elle souligne le manque de soutien envers les Palestiniens des États-Unis et de l’Union européenne, qui a d’ailleurs failli interrompre son programme d’aide envers les Palestiniens.

Les exactions des combattants du Hamas ne doivent par occulter le durcissement de la politique de Benyamin Netanyahou, contre laquelle sa population avait d’ailleurs largement protestée lorsqu’il avait étendu son pouvoir dans le cadre de la réforme de la justice. Alors que de sérieuses interrogations commencent à poindre concernant le manque d’effectifs de soldats israéliens à la frontière et qu’un haut responsable égyptien a indiqué avoir prévenu les services de renseignements israéliens, le porte-parole militaire Daniel Hagari a reconnu que l’armée devait des explications а la population, tout en précisant que ce n’était pas le moment. Il a appelé la population israélienne a faire front commun, alors que le pays était désuni comme jamais lors des manifestations contre la réforme de la justice. Alors que de nombreux Israéliens avaient alors annoncé leur intention de refuser d’effectuer leur service militaire, ils sont désormais des centaines de milliers à se mobiliser, dans le cadre de l’opération vengeresse.

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