Le canal de Givors a été enseveli par la construction dans la vallée du Gier de l’autoroute A47 en 1970. Seuls quelques vestiges du canal ont été épargnés. Les nombreux automobilistes qui empruntent chaque jour l’autoroute A47 de Rive-de-Gier à Givors, peuvent découvrir quelques apparitions du canal longeant l’autoroute.
⇒ Pierre Mazet (http://www.pierre-mazet42.com/) auteur de nombreux Polars et passionné d’Histoire nous présente des lieux si sympathique.
Qui pourrait s’imaginer qu’il y a plus de deux siècles, c’était une toute autre activité qu’empruntait cette même voie de circulation. Des margoulins 10 tiraient des sicelandes 11 (Embarcations plates) pour les faire avancer lentement sur le canal de Givors. Le canal de Givors, un temps appelé « Canal des deux mers » parce qu’il devait relier le Rhône à la Loire, a été construit en une vingtaine d’années, de 1760 à 1780, par François Zaccharie initiateur du projet. D’origine ripagérienne, il vivait à Lyon afin d’exercer plus facilement son négoce. Ses commerces d’horlogerie, quincaillerie et outillage allemand acheté à Paris et divers articles fabriqués à Saint-Etienne l’obligeaient à voyager. Pour se rendre à la capitale, il s’embarquait sur le canal de Briare.
C’est au cours de ses nombreux déplacements qu’il apprit à connaitre les manœuvres des bateaux et surtout les travaux d’art de la navigation artificielle.
Quand il allait à Saint-Etienne, il empruntait la vallée du Gier. Sur son chemin, sa voiture était souvent immobilisée par divers charrois : mulets en longues caravanes chargés de houille, bœufs et chevaux attelés à des chariots emplis de fer, planches et marchandises diverses. Un premier projet de canal, étudié par Alléon de Varcourt, resta en suspens. Quelques années plus tard, après de nombreuses tentatives, Zacharie parvient à faire adopter un projet de canal. Il prévoit de relier le Rhône à la Loire.
La construction du Canal de Zacharie dit « des deux mers », débute en 1760. Dès le début, les déboires se multiplient. Difficultés financières, le budget prévu par Zacharie est vite dépassé et les créanciers grimacent. Difficultés techniques, en 1764, le mur d’une écluse s’écroule. Pour tenter de rassurer tout le monde, Zacharie inaugure le tronçon de Givors à Saint-Romain-en-Gier. Las, ce jour-là, l’eau rompt les berges et le cortège doit quitter précipitamment le bateau. En 1768, Zacharie décède d’une crise cardiaque. Il lègue en héritage à son fils Guillaume une montagne de dettes. Les créanciers confient la mission de terminer le canal pour ne pas perdre l’intégralité des sommes investies. Après avoir obtenu une prolongation de la concession pour une durée de 20 ans, Guillaume reprend les travaux.
Malgré la chute d’un mur de la dix-neuvième écluse, Ils sont laborieusement achevés en décembre 1780. Sur une longueur de 15,6 km, il comporte 27 écluses, cinq aqueducs et un souterrain taillé dans le roc. Deux ans plus tard, les actionnaires touchent enfin leurs premiers dividendes. Des sommes modestes au regard de celles qui viendront par la suite garnir leurs portefeuilles.
10 Margoulins ou haleurs : évoluaient sur les chemins de halage, ils faisaient avancer les sicelandes en tirant sur
la « bricole » (harnais porté sur l’épaule relié à l’avant de l’embarcation par une « maillette ».)
11 Embarcations plates en bois de 20 à 22m de long pouvant porter plusieurs tonnes. Le trajet était assuré par 2
ou 3 hommes les « Margoulins » et se faisait en 18 heures.