Lors d’une réunion des ministres de l’Intérieur européens qui s’est déroulée ce jeudi, le ministre français de l’Intérieur, a mis en lumière ce qu’il qualifie de « naïveté » de certaines institutions européennes face à la menace du « jihadisme d’atmosphère ». Il prone la maitrise des frontières dans le cadre du « Pacte migratoire », la sévérité face aux associations qui forment un « écosystème séparatiste » sur le territoire européen, et appel à une réforme législative afin que les services de Renseignement puissent accéder aux messageries cryptées.
Cette réunion des ministres de l’Intérieur intervient à la suite de récents attentats à Arras et Bruxelles. Depuis le Luxembourg, Gérard Darmanin s’est exprimé face à la presse en marge de cette évènement.
Le ministre de l’Intérieur prôné la maitrise des frontières dans le cadre du « Pacte migratoire »
Il a évoqué « la crise terroriste qui dure depuis de nombreuses années sur le territoire européen », qui « touche tous les pays » au sein de l’Union. Selon lui, « il fait continuer « à avancer sur la maîtrise de nos frontières », dans le cadre du « Pacte migratoire », « pour connaître les personnes qui viennent sur notre sol, pour pouvoir faire les entretiens de sécurité, pour pouvoir nous séparer de ceux qui présentent un attrait dangereux. »
Gérald Daramanin regrette la naïveté de certains pays européens voire de l’UE face à la fermeté de la France envers les associations qui forment un « écosystème séparatiste »
Le ministre de l’Intérieur a ensuite rappelé que la « France, lorsqu’elle présidait l’Union européenne, a mis en avant un concept qui est celui de séparatisme, de ce qu’on pourrait appeler le djihadisme d’atmosphère ». « C’est à dire des gens qui utilisent des associations, des lieux de culte, qui utilisent YouTube et Internet, qui utilisent une sorte d’écosystème qui permet le passage à l’acte, qui permet la radicalisation, et nous devons lutter sans naïveté contre cet écosystème ».
Le ministre a regretté la manière dont « les institutions de certains pays ou l’Union européenne voient dans notre façon de montrer notre autorité face à ces structures, dans la dissolution d’associations, dans la fin des subventions à ces associations ».
M. Darmanin a évoqué sa préoccupation concernant le financement, par des institutions européennes, d’associations pour lesquelles le gouvernement français avait suspendu les subventions. Un des cas controversés est celui de Femyso, une confédération européenne d’associations de jeunes musulmans. Bien que cette association ne reçoive plus actuellement de fonds de la Commission, elle a été au cœur d’un différend entre la France et l’UE en 2021 et 2022, le gouvernement français jugeant qu’elle n’était pas alignée sur ses valeurs de laïcité.
Le ministre de l’Intérieur regrette que le droit ne permette pas toujours aux services de Renseignement de pouvoir accéder aux messageries cryptées.
Gérald Darmanin a également abordé « le travail des services sur Internet ». « On voit bien qu’il y a beaucoup de radicalisation ou de coordination, avec des gens qui utilisent Internet, des messageries cryptées, qui posent des questions essentielles évidemment, à l’activité des services secret. Sur les écoutes téléphoniques en clair ou en géolocalisation, nous arrivons à avoir beaucoup d’autorisations, que ce soit administratif ou judiciaire, pour pouvoir interpeller des personnes qui passeraient à l’acte. On a beaucoup plus de mal, évidemment, quand on utilise des messages cryptés comme WhatsApp, comme Signal, comme Telegram et comme d’autres. »
Gérald Darmanin regrette également que le droit ne permette « pas toujours aux services de pouvoir utiliser ces nouveaux réseaux de communication »,constatant que « dans les divers attentats qu’a connus la France », « ces messages décryptées on été utilisés », « sans être vu immédiatement par les services de renseignement ». « La voiture numérique du policier ou du gendarme, la voiture numérique des services secrets doit être aussi rapide et aussi efficace voire plus, que la voiture du délinquant, en l’occurrence du terroriste. Donc nous devons absolument aussi progresser autour de cela. »
Par ailleurs, les ministres français, suédois, belge et allemand ont participé dans la matinée à des discussions afin d’accentuer leur coopération en matière de lutte antiterroriste.