Gaza : L’OMS appelle de nouveau à une pause humanitaire évoquant des risques d’épidémies

Lors de sa conférence hebdomadaire depuis son siège de Genève, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a exprimé ce jeudi sa préoccupation jeudi quant aux multiples entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire essentielle dans la bande de Gaza. Le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a plaidé pour « au moins une trêve humanitaire, sinon un cessez-le-feu complet », décrivant une situation « indéspcriptibe » et mettant une fois de plus en avant le risque d’épidémies. 

Par Grégory Fiori

« Depuis les horribles attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre, plus de 10 000 personnes ont été tuées, dont plus de 8 500 à Gaza et 1 400 en Israël. En Israël comme à Gaza, 70 % des personnes tuées sont des femmes et des enfants. Plus de 21 000 personnes sont blessées et plus de 1,4 million de personnes ont été déplacées à Gaza », a déclaré le directeur général de l’OMS et contributeur de l’Agenda 2030 du Forum économique mondial, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Il a ensuite  a dressé un tableau sombre de la crise humanitaire qui s’aggrave rapidement dans la bande de Gaza évoquant une situation sur le terrain « indescriptible ». « Des hôpitaux bondés de blessés, allongés dans les couloirs ; les morgues débordent ; les médecins pratiquant des interventions chirurgicales sans anesthésie ; des milliers de personnes cherchant refuge contre les bombardements ; les toilettes qui débordent et le risque de propagation d’épidémies. »

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« Nous entendons maintenant ces descriptions dramatiques de toilettes débordantes et du risque de propagation de maladies. Et cela, combiné avec le bombardement constant, crée un mélange vraiment toxique », a martelé le Dr. Brennan, directeur régional des urgences pour la région du Moyen-Orient et pour la région de la Méditerranée orientale.

Concernant les blessures et maladies non liées au conflit à Gaza, Rick Peeperkom, le représentant de l’OMS pour les territoires palestiniens évoqué les « 350 000 personnes qui ont des maladies non transmissibles comme le diabète, les maladies cardiovasculaires, bien sûr, le cancer, l’oncologie, etc » et  « les rapports d’infections dans les abris de fortune que nous essayons d’évaluer correctement ». « Nous avons vu beaucoup plus d’infections respiratoires aiguës chez les enfants. Nous voyons, bien sûr, beaucoup plus de diarrhées et nous voyons des maladies de la peau, etc. L’eau, l’assainissement et un certain nombre de ces éléments montrent que cela pose vraiment problème. Nous devons donc vraiment être capables de mieux surveiller les épidémies et être prêts à intervenir. »

Selon lui, « L’accent est mis sur l’intelligence de santé publique, la prévention précoce des maladies, le contrôle et la coordination. »

L’OMS affirme avoir vérifié 237 attaques contre des installations de santé dans la région, dont 218 à Gaza et 19 en Israël. Ces attaques, qui « constituent une violation du droit international humanitaire », selon le Dr Tedros, ont entraîné la fermeture ou la réduction des services de 14 des 36 hôpitaux de Gaza.

Le manque de fournitures essentielles, y compris la nourriture, l’eau potable, et le carburant pour les générateurs, handicape davantage la réponse sanitaire. Les évacuations forcées de 23 hôpitaux dans la ville de Gaza et au nord ont mis en danger la vie de nombreux patients, notamment celle de bébés sous assistance respiratoire, selon lui.

Le Dr Tedros a remercié l’Égypte « d’avoir ouvert le poste frontière de Rafah pour permettre l’évacuation des patients grièvement blessés et des ressortissants étrangers », où la vaccination a commencé comme l’a indiqué Teresa Zakaria, Responsable Urgences sanitaires, interventions humanitaires dans des situations de fragilité, de conflit et de vulnérabilité de l’OMS.

Malgré la livraison de 54 tonnes de fournitures humanitaires par l’OMS, la situation nécessite une réponse beaucoup plus importante, d’après les cadres de l’OMS. La fermeture des points de passage et la réduction drastique du nombre de camions entrant à Gaza depuis le début du conflit limitent sévèrement la capacité de fournir une aide suffisante, selon eux.

Le Dr Mike Ryan, en charge des situations d’urgence à l’OMS, a critiqué les restrictions sévères imposées par Israël sur les biens entrant à Gaza, entraînant l’accumulation de tonnes d’aide du côté égyptien du poste-frontière de Rafah. « Il n’y a actuellement aucun processus efficace de déconfliction, et ceux qui prétendent que l’aide humanitaire parvient aux nécessiteux ne sont pas dans le vrai« , a-t-il affirmé, soulignant la responsabilité des autorités d’occupation de protéger et d’approvisionner les infrastructures de santé.

Le Dr Tedros appelle à « une pause humanitaire dans les combats », voire à une cessation complète du conflit.

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