Edwy Plenel, le directeur de la publication de Mediapart, a récemment exprimé des préoccupations majeures concernant l’état actuel du débat public en France. Lors de sa participation à l’émission « L’invité » sur TV5 Monde le 5 octobre 2023, Plenel a souligné une dégradation inquiétante de la démocratie française, caractérisée par un niveau de discours politique qui atteint des profondeurs inédites, indépendamment de l’affiliation politique.
Pour Edwy Plenel, il est impératif de remonter la pente, car la situation est critique. Il a rappelé une déclaration controversée de l’ancien président Nicolas Sarkozy en 2009, dans laquelle ce dernier avait exhorté à ne pas se laisser « intimider par la dictature des bons sentiments ». Cette déclaration suscite l’interrogation de Plenel : devrions-nous alors aspirer à une démocratie des « mauvais sentiments » questionne-t-il ?
Selon Plenel, la démocratie ne se limite pas aux élections, elle repose sur une conversation constructive, une interaction où les désaccords et les débats sont fondamentaux. Il cite Pierre Mendès France pour rappeler que la démocratie est également un « code moral ». L’utilisation de discours virulents et agressifs, en particulier par des leaders politiques de premier plan, est non seulement inappropriée, mais elle nuit à la qualité du débat public, selon lui.
Edwy Plenel souligne que cette tendance à la virulence ne s’est pas limitée à l’ère Sarkozy, mais qu’elle persiste sous la présidence d’Emmanuel Macron. D’après lui, les discours acerbes, les invectives, et les attaques personnelles ne devraient pas être la norme dans la rhétorique d’un dirigeant politique. Cette dérive a, selon Plenel, pris racine durant le mandat de Sarkozy, marquant un tournant significatif dans la manière dont la parole politique est utilisée et perçue. Le journaliste évoque « un abaissement de la parole politique ».
Outre les problèmes liés au discours, Edwy Plenel aborde également les préoccupations liées à la proximité de Nicolas Sarkozy avec le monde des affaires. « C’est à la puissance dix depuis Macron », ajoute-t-il. Il évoque la promenade de l’ancien président sur le yacht de Vincent Bolloré peu après sa victoire en 2007, soulignant les risques de collusion entre le pouvoir politique et les grandes entreprises. Cette proximité, estime-t-il, pourrait compromettre l’intégrité du processus démocratique et éroder la confiance des citoyens envers leurs dirigeants.