Cryptomonnaies et terrorisme : Entre traçabilité inattendue et financement occulte

La guerre entre Israël et le Hamas a soulevé une série de questions quant aux méthodes de financement des organisations terroristes. Les cryptomonnaies sont au centre des inquiétudes, alors qu’elles seraient en réalité plus traçable que l’argent liquide et que de nombreuses Banques centrales développent leur monnaie numérique. 

Depuis 2019, des groupes comme le Hamas et le djihad islamique ont exploré de nouvelles avenues pour contourner les systèmes financiers traditionnels. Avec les sanctions financières qui les frappent et les obstacles du circuit bancaire, ces groupes ont dû innover. Si le cash a longtemps été leur principal recours, les cryptomonnaies, offrant une alternative discrète et difficilement traçable, ont été embrassées comme une solution possible.

Les cryptomonnaies : des conséquences tangibles

L’attaque majeure du 7 octobre contre le sud d’Israël a été un tournant. Comment une organisation comme le Hamas, largement isolée du monde financier global, a-t-elle pu financer une telle opération ? L’une des réponses a été les dons en Bitcoin. En effet, les autorités israéliennes ont rapidement saisi des centaines de portefeuilles numériques associés au Hamas, au djihad islamique et au Hezbollah libanais.

Le Wall Street journal révélait récemment que selon Elliptic, une plateforme spécialisée dans le suivi des cryptomonnaies, entre 2019 et 2023, le Hamas aurait accumulé l’équivalent de 39 millions d’euros, et le djihad islamique 89 millions d’euros, en cryptomonnaies.

L’utilisation des cryptomonnaies

Les groupes terroristes ont utilisé différentes méthodes pour acquérir des cryptomonnaies. Par exemple, un QR code sur un site Web ou sur un canal Telegram pourrait permettre aux sympathisants de faire un don directement. D’autres méthodes, telles que l’utilisation d’intermédiaires pour convertir de l’argent physique en cryptomonnaies, ont également été utilisées. Ces fonds étaient ensuite transférés entre différents portefeuilles, rendant leur traçabilité plus complexe, avant d’être échangés contre des monnaies traditionnelles sur des plateformes d’échange de cryptomonnaies.

Les limites de l’anonymat

Bien que les cryptomonnaies offrent un certain niveau d’anonymat, elles ne sont pas entièrement privées. Par exemple, le Bitcoin, qui repose sur une technologie blockchain, conserve un enregistrement permanent de toutes les transactions. Dans les colonnes du Parisien,  Stanislas de Quénetain, un expert en crypto, a noté que le Bitcoin est en réalité plus traçable que l’argent liquide. Les outils développés par des entreprises comme Chainalysis peuvent retracer les échanges et identifier les propriétaires des portefeuilles.

En fin de compte, le Hamas et d’autres groupes ont sous-estimé la traçabilité des cryptomonnaies, menant à la saisie de leurs actifs. Cependant, ces organisations évoluent constamment et cherchent de nouvelles méthodes pour sécuriser leurs finances. Dernièrement, elles ont manifesté un intérêt pour des cryptomonnaies plus privées, comme le Monero.

La crise du secteur des cryptos, l’intérêt du Forum économique mondial et la montée des « Central Bank Digital Currency »

En 2022, de nombreux acteurs des cryptomonnaies ont rencontré des difficultés, mais le Forum Économique Mondial de Davos montre un intérêt accru pour les crypto-actifs. Dante Disparte, directeur de la stratégie de la société Circle qui a participé à Davos 2023, a comparé les défis de 2022 dans le monde des cryptos à ceux de l’année 2000 pour l’Internet, suggérant que les cryptos pourraient maintenant évoluer vers des structures plus robustes.

De nombreuses MNBC, ou CBDC pour « Central Bank Digital Currency », ou encore « monnaie fiduciaire numérique »,  sont développées à travers le monde. Si la plupart sont encore à l’état de test, une accélération s’est nettement fait sentir en 2020.

L’un des pays les plus avancés sur cette question semble être le Brésil du contributeur de l’Agenda 2030 Lula. Au mois de juin, la Banque centrale du Brésil a sélectionné Mercado Bitcoin, plateforme leader au Brésil pour l’échange de cryptomonnaie afin qu’elle contribuer à la création de la monnaie numérique de la banque centrale prévue en 2024 à l’initiative du président brésilien.

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