L’équipe parisienne du président du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, fait l’objet de suspicions. Selon une enquête de la cellule d’investigation de Radio France, quatre membres de cette équipe, dont certains auraient des liens étroits avec l’ancien président Nicolas Sarkozy, semblent n’avoir aucune fonction liée à des dossiers régionaux. Certains suggèrent qu’ils travailleraient d’avantage aux ambitions nationales du président de la Région pour 2027 et parlent même d' »emplois fictifs ».
« Avec trois collaborateurs et une déléguée (Nawel G.) basée à Paris, Laurent Wauquiez dispose d’une solide équipe parisienne », indique nos confrères.
Nawel G : Une déléguée proche de Sarkozy
Sur le compte LinkedIn de Nawel G., on peut lire qu’elle occupe le poste de responsable de coordination pour la région Auvergne-Rhône-Alpes, mais elle ne figure pas dans l’organigramme de la Région selon nos confrères. Elle serait toutefois rémunéré par la collectivité à hauteur de 5 080 euros net mensuel, avec un contrat courant jusqu’à 2025.
Pourtant, de nombreux élus et membres du conseil régional semblent peu familiers avec elle. Selon les informations de nos confrères, rapportant un « document écrit par les services », datant du mois d’avril, ce poste n’aurait “pas d’utilité, ni de contenu” et pourrait s’apparenter à “un emploi fictif”.
Face à ces préoccupations, le président Laurent Wauquiez a initialement soutenu Nawel G., qui a brièvement fait son apparition dans l’organigramme de la Région, avant d’en être retirée. Des sources indiquent qu’elle a été récemment appelée pour un entretien préalable à un licenciement.
Sur Internet, il est indiqué que Nawel G. a géré une entreprise de conseil en relations publiques à Paris jusqu’en 2023. Bien que le cumul d’emplois ne soit pas interdit, il nécessite l’approbation de l’employeur principal et est soumis à des restrictions horaires. Aucune demande de cumul n’a été identifiée pour Nawel G., selon nos confrères.
Sur son profil LinkedIn, Nawel G. indique avoir occupé le poste de « responsable marketing et fundraising » pour LR de 2012 à 2017. Dans ce cadre, elle a contribué au « Sarkothon », la souscription nationale extraordinaire de l’été 2013 qui avait permis à Nicolas Sarkozy de collecter 11 millions d’euros pour rembourser ses dettes, après l’invalidation de ses comptes de campagne pour la présidentielle de 2012. De plus, Nawel G. note sur son profil avoir participé activement à la campagne présidentielle de Sarkozy en 2012.
Il y a des spéculations sur la possibilité qu’elle joue un rôle analogue pour Laurent Wauquiez en 2027, bien qu’elle démente ces allégations.
Le cas de trois autres salariés Parisiens de la région pose aussi question, même s’ils figurent bien dans l’organigramme de la collectivité. Tous trois sont conseillers au sein du cabinet de Laurent Wauquiez, qui compte 16 collaborateurs.
Arnaud B : Le communicant
Le premier Arnaud B., 48 ans, est un proche collaborateur de Laurent Wauquiez depuis 2007. Connu comme son « conseiller en communication », il est actuellement conseiller spécial du cabinet à la Région Auvergne-Rhône-Alpes, avec un salaire mensuel estimé à 10 000 euros brut. Bien qu’il possède un bureau à Lyon, il vit principalement à Bordeaux et a des activités à Paris. La région loue des espaces à Paris pour 320 000 euros annuels, espaces occupés par l’agence Arae, rue Solferino, non loin de l’Assemblée, entièrement financée par la région. Des questions se posent sur les activités réelles menées dans ces locaux, d’autant plus que plusieurs élus, dont Wauquiez, font partie du conseil de surveillance d’Arae. Arnaud B. est également considéré par les médias nationaux, comme le principal interlocuteur pour toute information sur Wauquiez. Il confirme être fréquemment contacté par les journalistes à ce sujet.
Charlotte V : fille de Valérie Lacroute, une proche de Sarkozy
Les locaux de la rue Solférino abritent également, le bureau de Charlotte V., 27 ans, fille de la maire de Nemours, Valérie Lacroute, ex-députée des Républicains, proche de Sarkozy. Elle occupe depuis peu, le poste de conseillère technique au service d’action territoriale de la région Auvergne-Rhône-Alpes, avec un salaire d’environ 4 000 euros brut par mois, mais serait plutôt reconnue comme adjointe au maire de Nemours et vice-présidente des Jeunes Républicains au niveau national. « Un cadre de la région pense qu’elle prépare des documents en vue de 2027, l’année où Laurent Wauquiez pourrait être candidat présidentiel », rapporte nos confrères.
Roch d. B : Un directeur adjoint de cabinet plus axé sur 2027 ?
Roch d. B., 34 ans, est le directeur adjoint de cabinet du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes depuis le début de l’année avec un salaire estimé à 8 000 euros brut mensuels, d’après Radio France. Malgré son bureau à Lyon, il est peu connu au sein du conseil régional. Son parcours professionnel comprend un stage avec Laurent Wauquiez en 2011, un poste de conseiller technique pour Wauquiez de 2016 à 2018, et un rôle de directeur adjoint pour Les Républicains jusqu’en 2023. Une source suggère qu’il est lui aussi centré sur 2027.
Laurent Wauquiez plus axé sur 2027 que sur la Région ?
Cette équipe renforcée et les fréquents déplacements de Laurent Wauquiez à Paris, ainsi que ses rencontres avec des personnalités majeures, alimentent les spéculations sur ses ambitions politiques futures et intérogent sur son implication à la Région. D’après nos confrères, M. Wauquiez est présent dans sa région, Auvergne-Rhône-Alpes, « entre un et trois jours par semaine ». Sur Paris, il se montrerait extrêmement actif, ayant rencontré au printemps dernier; des dirigeants comme « Arnaud Lagardère » et « Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation », des journalistes, des élus de son parti, des experts politiques, et d’autres personnalités de droite, comme « Loïk Le Floch-Prigent, ancien PDG d’Elf aujourd’hui membre du comité stratégique du média Livre Noir » ou « l’abbé Grimaud, le prêtre traditionnaliste proche de Vincent Bolloré ».
En réponse à nos confrères, son cabinet indique que M. Wauquiez partage son temps entre sa région et ses rendez-vous, souvent à Paris. Quant à ses collaborateurs Paisien, son cabinet rappelle que le télétravail a gagné en popularité au sein de la collectivité, mais selon Radio France, il serait limité à « deux jours par semaine ».
Le principal intéressé a réagi ce jeudi en conférence de presse dans un style qui n’aurait pas été pour déplaire à Donald Trump, affirmant que « Cet article repose (…) sur des informations qui sont mensongères, erronées et malhonnêtes» . «Je regrette que les journalistes de Radio France aient été instrumentalisés par de telles sources. Je sais que c’est devenu un sport national de diffuser de fausses rumeurs sur les élus, surtout à certains moments ».