L’ONG a mené une enquête révélant que l’armée israélienne a probablement utilisé du phosphore blanc lors de bombardements au Liban, notamment à Dhayra le 16 octobre, provoquant des blessures et des dégâts matériels parmi les civils.
Leur enquête s’appuie sur des témoignages, des vidéos et des analyses médicales, menées par le Crisis Evidence Lab d’Amnesty International.
Amnesty International rappelle que « L’utilisation du phosphore blanc est limitée par le droit international humanitaire ». « S’il peut être utilisé légalement contre des cibles militaires, il ne doit JAMAIS être tiré sur ou à proximité d’une zone civile peuplée ou d’une infrastructure civile. »
Le phosphore blanc est classé comme une arme incendiaire plutôt que chimique, son principal mode d’action étant la production de chaleur et de flammes au lieu d’un effet toxique. « Le phosphore blanc brûle à des extrêmes températures, lorsqu’il est exposé à l’air et peut continuer à brûler longtemps à l’intérieur de la chair. Les personnes exposées peuvent souffrir de lésions respiratoires, de défaillances d’organes et d’autres blessures horribles et durables », précise l’ONG.
Sa légitimité en tant qu’arme de guerre est donc sujette à controverse, surtout quand elle est employée près des zones civiles. Son utilisation à des fins d’illumination ou de marquage est généralement acceptée, mais son déploiement comme arme offensive est largement condamné et interdit par plusieurs conventions internationales.
Son usage est régi par le Protocole III de la Convention sur certaines armes classiques (CCAC), qui vise à réglementer l’utilisation d’armes incendiaires. Bien que le Liban ait adhéré à ce protocole en 2017, Israël ne l’a pas fait.
Le docteur Haitham Nisr de l’hôpital libano-italien a traité neuf personnes pour des symptômes liés à l’inhalation de phosphore blanc. Ali Safieddine, de la Défense civile libanaise, a rapporté des cas d’asphyxie et une visibilité réduite à cause de la fumée dense et blanche caractéristique du phosphore, confirmée par d’autres témoins.
Le maire de Dhayra a décrit des effets dévastateurs sur la ville, avec des maisons et des voitures en feu et des restes incandescents même après plusieurs jours. Amnesty a aussi observé des munitions suspectes et des vidéos confirmant l’usage de phosphore blanc, un agent qui peut se rallumer au contact de l’air. Leur rapport souligne que l’utilisation de phosphore blanc dans des zones civiles constitue une attaque indistincte et est illégale selon le droit international humanitaire, pouvant constituer un crime de guerre.
Des preuves similaires ont été trouvées concernant l’utilisation de phosphore blanc dans d’autres zones du Liban, comme Aita al Chaab et al Mari. Amnesty International a également observé des obus au phosphore blanc près de la frontière israélo-libanaise, confirmant potentiellement leur utilisation par l’armée israélienne.