Cyril Hanouna a annoncé hier soir en direct dans son émission « Touche pas à mon poste » sur C8 qu’il ne recevrait plus de membres de la France Insoumise dans ses futurs programmes. Cette décision a également un impact sur son projet d’émission politique qui devait initialement réunir des représentants de différents partis politiques.
« Je suis dévasté par ce qui se passe actuellement en Israël. Pour moi ni un tweet ni un post ne suffisent à exprimer ma peine », avait indiqué sur X Cyril Hanouna après l’attaque du Hamas en Israël.
L’animateur a pris cette décision radicale suite aux récentes déclarations de Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France Insoumise concernant l’attaque du Hamas. Si les médias on pointer du doigts le fait que l’Insoumis refusait de qualifier le Hamas de groupe terroriste, sa position était pourtant plus nuancée comme en témoigne le tweet qui a été posté juste après les évènements. Surtout, elle était dans la droite ligne de la position défendue après guerre par la diplomatie française, de De Gaulles à Jacques Chirac.
Lors de son émission. Cyril Hanouna a déclaré : « C’est devenu insupportable ! Franchement Jean-Luc Mélenchon sur le plateau ! Ce n’est pas possible. Je ne vais plus les recevoir sur le plateau. Le seul que je peux recevoir c’est François Ruffin, mais les autres, ce n’est pas possible ! »
Les implications de cette décision sont plus vastes, puisqu’elle touche également le projet d’émission politique de Hanouna qui visait à réunir des représentants de divers partis et qui ne sera donc pas impartiale.
Elle entérine surtout le travail de Claire Sécail, qui avait sorti une étude en novembre dernier intitulée « L’élection présidentielle 2022 vue par Cyril Hanouna » dans laquelle elle évoquait « un pluralisme dévoyé persistant dans TPMP (quantitativement et et qualitativement) », « l’insincérité du diffuseur dans son application du pluralisme » et « l’incapacité de l’Arcom à défendre concrètement la notion de ‘conditions de programmation comparable’ ». Elle évoquait également la « sureprésentation de Zemmour et l’invisibilsation de Mélenchon ». La chercheuse du CNRS citait en exemple le débat entre Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon dans l’émission « Face à Baba », diffusée le 27 janvier dernier, dans laquelle le leader de la France Insoumise avait été défavorisé.
Cela pose de vrai question démocratique, d’autant que la majorité tente d’assimiller la France Insoumise à l’extrême gauche, ce qui est faux selon le politologue Rémi Lefebvre qui s’exprimait le 23 juin dans l’OBS. Cela pose également la question de la liberté d’expression, alors que les manifestations en soutien à la Palestine sont annulés, que Gérald Darmanin se réserve le droit de dissoudre les collectifs, associations et partis politiques, « appelant à la haine, à l’intifada, à l’apologie du terrorisme » et que le sénateur Karoutchi demande de punir sévèrement tout ceux qui ne soutiennent pas Israël.
On peut pourtant tout à fait trouver odieux les crimes du Hamas, tout en condamnant le siège moyenâgeux de gaza et avoir de la sympathie pour les peuples israéliens et palestiniens sans cautionner les extrémistes. Mais visiblement, il devient de plus en plus difficile d’exprimer cette idée dans le débat publique. Cela devient pourtant d’autant plus nécéssaire que les derniers éléments qui sont en notre possession, selon lesquels l’OMS avait « prépositionnné des fournitures » avant l’escalade du conflit et que l’arrivée des marines américains au Moyen-Orient était programmée de longue date, devrait laisser un peu plus d’ouverture au débat.